Intervention de François Chartier

Mission d'information Fonds marins — Réunion du 22 février 2022 à 17h00
Audition de Mm. François Chartier chargé de campagne océan et pétrole de greenpeace france et ludovic frère escoffier responsable du programme vie des océans de wwf

François Chartier, chargé de campagne Océan et pétrole de Greenpeace France :

S'agissant des États insulaires, évoqués dans le cadre de l'ODD14, à l'inverse de Nauru, une coalition d'États du Pacifique, dont les Fidji, sont extrêmement inquiets face aux enjeux de distorsion que pourrait créer une économie de rente, avec des micro-États qui seraient sponsors de multinationales géantes. Cela pose des questions de responsabilité juridique.

L'enjeu s'étend au-delà de la zone explorée ou exploitée en raison des panaches et des interactions avec les écosystèmes pélagiques. Les ressources halieutiques, vivrières, de ces populations pourraient être impactées.

L'enjeu sur le climat est encore méconnu. Lors des opérations de collecte et de concassage des monts et des cheminées, les machines retournent énormément de sédiments, créant des panaches encore mal mesurés. Des essais montrent que la diffusion de ce sédiment peut être extrêmement lointaine, ce qui comporte des risques pour les écosystèmes nourris depuis la surface. Le panache de sédiments risque de bloquer l'accès à la nourriture.

Il se pourrait même que ce processus libère du carbone stocké, agissant comme une bombe à retardement, à l'image du permafrost. Ces hypothèses méritent d'être étudiées.

Les pressions et les niveaux d'acidité des cheminées hydrothermales sont invivables pour nous, avec des températures qui peuvent atteindre 400°C, mais il y a de la vie. Cette vie représente est une oasis au milieu d'un immense désert. La capacité de reconstitution des monts et cheminées détruits et de leurs écosystèmes est incertaine. Lorsque l'on plonge des caméras dans les zones testées dans les années quatre-vingts, des traces sont encore visibles et les espèces ne sont revenues que très marginalement.

L'étude que j'ai mentionnée précédemment sera prochainement publiée. Elle est liée aux travaux d'exploration de l'entreprise belge GSR. Des tests ont été réalisés pendant six heures de collecte. Le collecteur utilisé était de petite dimension mais a créé un panache important. L'étude de l'ADN environnemental a révélé la présence de 500 espèces d'ADN inconnues. La surface sous-marine abrite une vie foisonnante mais avec des croissances extrêmement lentes. Certaines espèces ne se reproduisent pour la première fois qu'à quatre-vingts ans par exemple.

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