Notre audition est consacrée à la santé psychologique des étudiants. Elle fait l'objet d'un enregistrement vidéo disponible sur le site du Sénat. Public Sénat la diffuse en direct.
Je rappelle que cette mission d'information, dont le groupe Union centriste du Sénat a pris l'initiative, a désigné comme rapporteur Laurent Lafon, par ailleurs président de la commission de la culture.
Cette mission a trois objectifs : mesurer les conséquences de la pandémie sur la vie étudiante ; proposer des dispositions permettant aux établissements, à l'avenir, de faire plus facilement face à une éventuelle crise ; recenser et analyser les difficultés structurelles associées aux conditions de la vie étudiante.
Les personnes que nous entendons vont contribuer à notre réflexion, qui doit déboucher sur des recommandations pour améliorer la condition étudiante.
Jusqu'à présent, nous avons entendu nombre d'acteurs institutionnels (Crous, Cnous, Conférence des présidents d'université, etc.). Notre table ronde de ce matin, consacrée à la santé des étudiants dans une approche généraliste, nous a fait comprendre un certain nombre de problématiques. Nous abordons cet après-midi plus précisément la santé psychologique des étudiants.
Mohammed Benlahsen, vous êtes président de l'université Picardie-Jules Verne et vous avez fait procéder dans votre université à une enquête sur la santé psychologique, réalisée auprès de plus de 3 000 étudiants. Cette étude a révélé que 72 % des étudiants interrogés déclaraient avoir été en détresse psychologique pendant la crise sanitaire. Les jeunes femmes semblent avoir été davantage touchées que les jeunes hommes : 74 % pour les femmes, contre 59 % pour les hommes. 19 % des étudiants ont en outre eu des idées suicidaires - ce taux est extrêmement préoccupant. Cela représente 603 étudiants ! Vos commentaires et vos conclusions sont absolument pour notre travail.
Frédéric Atger, vous êtes médecin chef de service du bureau d'aide psychologique universitaire (BAPU) « Pascal », situé à Paris. Nous aurons besoin de votre témoignage d'acteur de terrain de la santé psychologique des étudiants, et surtout de leurs besoins en termes de suivi et d'accompagnement. Vous avez signé une tribune dans un grand quotidien, le 1er décembre 2020, pour attirer l'attention sur les moyens insuffisants des BAPU et, plus généralement, des services de santé universitaires. Vous nous confirmerez que leurs moyens n'ont malheureusement pas changé depuis 1970, alors que la démographie estudiantine a explosé. Vous avez de surcroît fait observer en octobre 2020, dans le même quotidien, que la file d'attente dans votre établissement dépassait 300 patients, pour leur permettre d'accéder à des services gratuits indispensables.
Vous êtes accompagné du docteur Thierry Bigot, psychiatre, vice-président du RESPPET (RÉseau de Soins Psychiatriques et Psychologiques pour les ÉTudiants), réseau créé en 2008 à l'initiative de professionnels engagés dans ces structures. L'objectif de ce réseau est de mieux structurer l'offre de soins psychologiques apportés aux étudiants.
Yannick Morvan, vous êtes psychologue, clinicien et maître de conférences à l'Université Paris-Nanterre - le rapporteur et moi avons tous deux été formés dans cette université - et membre du conseil scientifique de l'Observatoire de la vie étudiante (OVE).
Patrick Skehan, vous êtes délégué général et fondateur de l'association Nightline, créée en 2016 par des étudiants pour offrir une ligne d'écoute et de soutien, qui est disponible aussi la nuit.
Laurentine Véron et Fanny Sauvade, vous êtes psychologues, fondatrices et co-directrices de l'Association Apsytude.
Notre rapporteur va maintenant présenter l'esprit dans lequel nous travaillons, puis chacun d'entre vous pourra s'exprimer une dizaine de minutes.
Dans un second temps, je laisserai la parole à mes collègues sénatrices et sénateurs pour un échange de questions-réponses.