Intervention de Cyril Lage

Mission d'information Culture citoyenne — Réunion du 23 mars 2022 : 1ère réunion
Audition des acteurs de la démocratie participative

Cyril Lage, président de Cap collectif :

Si je reprends l'exposé de Clément Mabi, je crois pouvoir dire que j'appartiens aux « Cro-Magnon » de la participation citoyenne. J'ai d'abord contribué à la création de l'association Démocratie ouverte, qui visait à importer en France le concept d'open government.

En 2013, j'ai lancé la plateforme Parlement et citoyens afin de montrer qu'il était possible de produire la loi autrement, de sortir de la logique de l'entre soi, pour reprendre les mots de Jean-François Copé, qui repose sur l'audition d'une minorité d'acteurs, et sur un« huis clos loin des citoyens », alors ministre du budget. Plutôt que critiquer la fabrique de la loi, je voulais montrer qu'il était possible de l'outiller grâce au numérique.

Cette expérimentation a plutôt bien fonctionné : nous avons réussi à impliquer six parlementaires représentatifs de l'échiquier politique. L'un d'entre eux, le sénateur Joël Labbé, a coproduit une proposition de loi, qui a été votée, visant à interdire les produits phytosanitaires à usage non agricole.

L'ensemble des projets que nous avons menés ont permis de faire la preuve que, grâce au numérique, la relation entre le politique et le citoyen pouvait être autre chose qu'insultes et invectives. Placer le citoyen dans une situation de consommateur et de spectateur de décisions prises sans lui le pousse à exprimer sa colère et son agressivité face à toute décision qui ne lui convient pas. Placé en amont, le même citoyen se comporte de manière radicalement différente.

Je voudrais relever un point important : tout peut se faire chez nous de manière anonyme. Je me porte en faux contre l'idée selon laquelle l'anonymat serait la source de la violence sur Internet : tout ce que nous faisons depuis des années démontre le contraire.

Aujourd'hui, je suis principalement investi dans Cap collectif. J'ai décidé de créer cette start-up faute de pouvoir faire vivre un modèle associatif comme Parlement et citoyens. Aucun des présidents de l'Assemblée nationale ou du Sénat n'a jamais souhaité apporter son concours à notre projet. J'ai donc décidé de créer une entreprise qui dépend d'un modèle économique différent. Cap collectif commercialise des outils de démocratie participative auprès des acteurs publics - ministères, administrations et collectivités - et des prestations de service pour accompagner nos clients dans l'utilisation de ces technologies.

Nous comptons trente-deux salariés et bénéficions du soutien de la Caisse des dépôts et consignations, entrée au capital en 2017. Nous avons réalisé un chiffre d'affaires de 2,4 millions d'euros en 2021, mais l'entreprise est toujours déficitaire, ce qui correspond à la trajectoire habituelle du monde des start-up.

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