Intervention de Christophe Camborde

Mission d'information Culture citoyenne — Réunion du 23 mars 2022 : 1ère réunion
Audition des acteurs de la démocratie participative

Christophe Camborde, cofondateur et président de Civicpower :

Je m'exprime en tant que fabricant d'outils. J'écoute mes clients, les collectivités territoriales et mes utilisateurs.

Si l'on veut déterminer grossièrement les relations des électeurs avec l'abstention, on peut définir trois groupes de gens : ceux qui votent à chaque fois et voteront toujours, comme moi ; des alternants, qui choisissent les scrutins auxquels ils participent ; les perdus, qui ne votent plus et ne voteront plus.

Les deux derniers groupes, qui représentent la majorité des Français, ont pourtant envoyé des signaux montrant qu'ils voudraient participer autrement. Mon sentiment, c'est qu'ils veulent quelque chose qui diffère du cérémonial régulier du vote.

Les créateurs de l'application Elyze sont aussi jeunes que la civic tech : ils ont 18 et 21 ans. Leur application a été installée trois millions de fois ! Je ne vais pas sur le terrain du contenu - sur ce que signifie le swipe. J'aimerais bien savoir dans quels groupes, au regard de l'abstention, se trouvent les trois millions de Français qui l'ont installée.

Plus de la moitié des utilisateurs de l'application NosLois font partie de ceux qui ne voteront jamais. Ils ressentent une défiance envers le système - pour son contenu, mais aussi pour ses outils.

Si l'on veut transformer le vote cérémoniel en digital, cela ne marchera pas. Les maréchaux-ferrants n'ont jamais pu fabriquer de voitures. C'est différent et cela ne relève pas de la même génération. Ce ne sont pas les mêmes acteurs, ni les mêmes outils. On parle aussi de jugement majoritaire. Cela n'entre pas en concurrence avec le vote.

Sur le financement, je ne suis pas d'accord avec la logique du plan d'investissements d'avenir (PIA). La civic tech n'a pas besoin qu'on lui donne la becquée. Elle a besoin de la commande publique. Regardez les startups californiennes : elles sont nées de la commande publique, notamment de la part de l'armée américaine.

Cela me gêne qu'une secrétaire d'État s'exprime sur Change.org - qui est une entreprise américaine -, et non sur une plateforme française.

Nous commençons à avoir de la commande publique, ce qui nous permet de passer du crowdfunding à un équilibre sain avec également de la commande privée. On parle beaucoup de souveraineté ; je ne voudrais pas que mon enfant vote demain sur Facebook.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion