Le bilan ne peut être que partiel et provisoire, comme la réforme elle-même.
La réforme était attendue et elle est absolument nécessaire. Mais pas suffisante. Elle doit s'accompagner d'une refonte de la formation continue, or nous en sommes loin. L'enjeu était de redonner du temps aux apprentissages. Il fallait articuler les temps de l'enfant, non seulement au cours de la semaine, mais au sein de chaque journée. Ce qui est en jeu ici, c'est l'élaboration d'un service global de l'accueil éducatif des enfants, incluant tous les acteurs, enseignants, collectivités, familles.
Cette réforme a suscité des problèmes. En effet, elle est intervenue après une période - je ne fais pas allusion à la mandature précédente, cela dure depuis plus de cinq ans - où la profession s'est sentie malmenée, mal considérée, victime d'iniquités. Dès lors, toute nouvelle réforme cristallise ce sentiment. Mais la mise en oeuvre a aussi posé des problèmes très concrets, cruciaux, comme par exemple le partage des responsabilités. Il n'y aura pas de solution uniforme nationale. Mieux vaut organiser un dialogue de qualité à l'échelon où les problèmes se posent. Aucun décret ministériel ne comblera l'absence de concertation au niveau local. Environ 20 à 25 % des communes ont appliqué la réforme en 2013 : partout où celle-ci est couronnée de succès, elle a été précédée par une intense concertation.
Nous souhaiterions réduire encore la durée des apprentissages scolaires. Il faut aussi parvenir à une meilleure différenciation selon les âges, réfléchir au calendrier scolaire, étendre la réflexion aux rythmes du second degré, comme le réclame l'Union nationale lycéenne (UNL).
Une meilleure ingénierie serait utile aux communes. Nous participons au comité de suivi et constatons leurs besoins. Elles se tournent vers les associations de maires pour faire connaître leurs attentes. Je signale aussi qu'en France, les différentes entités publiques peinent à travailler ensemble : une meilleure coopération autour d'un même objectif n'est-elle pas possible ?
Enfin, notre revendication fondamentale concerne l'exigence de dialogue social - enseignants, personnel municipal, intervenants extérieurs en milieu scolaire. Cela implique une redéfinition de la mission des directeurs d'école qui jouent, de fait, un rôle bien supérieur à celui qui leur est reconnu dans les textes. Ce sont des chefs d'équipe. La fonction de direction n'est pas une tâche en sus de l'enseignement, ni un chaînon administratif, mais un vrai métier.
De plus, l'école n'ayant pas de personnalité juridique, les décisions la touchant sont prises en dehors, loin du collectif de travail. Il faut y remédier.