Intervention de Damien Goetz

Mission d'information Fonds marins — Réunion du 28 avril 2022 à 9h30
Audition de M. Damien Goetz enseignant-chercheur au centre de géosciences de l'école des mines de paris membre en 2012 du comité de pilotage sur les ressources minérales profondes — Étude prospective à l'horizon 2030

Damien Goetz, en 2012, du comité de pilotage sur « Les ressources minérales profondes - Étude prospective à l'horizon 2030 » :

Sur la matrice de criticité française, le tungstène se place à un niveau très haut - il n'est pas aussi haut dans la matrice européenne ou la matrice américaine -, ce qui devrait nous inciter, en effet, à exploiter de nouveaux ou d'anciens gisements. Je ne peux que constater qu'il est quasiment impossible de rouvrir une mine sur le territoire français, toute tentative se concluant par un abandon.

Guillaume Pitron, dans son livre La guerre des métaux rares, écrit que nous avons exporté notre pollution. Cela ne me semble pas tout à fait exact dans le cas des terres rares, les pays d'extraction ayant logiquement été plus loin dans la chaîne de production. Il serait très difficile de se lancer en France dans l'exploitation de terres rares.

Je n'ai pas évoqué, en effet, la dimension économique des gisements sous-marins, par rapport aux gisements terrestres. Il faut bien savoir que nous sommes encore largement dans le flou à ce sujet, en particulier s'agissant des encroûtements cobaltifères. En ce qui concerne les amas sulfurés sous-marins, l'évaluation est plus aisée.

Quant aux nodules, leur teneur en nickel, en cobalt et en cuivre, sont respectivement de 1,5 %, 0,3 % et 1,2 %. C'est comparable à ce qu'elle est pour les gisements néo-calédoniens.

Je laisse de côté le manganèse, car la production de manganèse de qualité chimique à partir de nodules excéderait les besoins actuels, ce qui provoquerait une chute des prix.

Les gisements sous-marins de cuivre et de nickel sont donc comparables, quant à leur teneur en cobalt, aux gisements terrestres. La vraie difficulté, c'est la nécessité d'aller dans les grandes profondeurs, à 3000 m ou plus, et de développer la métallurgie nécessaire, ce qu'on ne sait pas faire à ce jour.

À mon sens, le coût d'exploitation de ces ressources sous-marines serait nécessairement supérieur à ce qu'il est pour les ressources terrestres. L'exploitation des nodules n'est pas problématique en soi, mais le process de traitement de ces nodules l'est. A contrario, il n'y a pas de difficulté de process pour les amas sulfurés mais c'est leur exploitation qui est complexe. Quant aux encroûtements cobaltifères, ils sont mal connus, difficiles à exploiter et à traiter.

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