Intervention de Wilfrid Merlin

Mission d'information Fonds marins — Réunion du 28 avril 2022 à 9h30
Audition de Mme Carine Tramier présidente du comité d'orientation de la recherche et de l'innovation de la filière des industriels de la mer corimer.

Wilfrid Merlin, pilote et corédacteur de la feuille de route Industrie Offshore Nouvelle Génération de la filière des industriels de la mer, incluant les grands fonds marins :

Lorsqu'on évoque la question des progrès technologiques nécessaires pour rendre possible une éventuelle exploitation des fonds marins, la question des coûts se pose très rapidement.

De manière générale, il faut savoir qu'il est plus facile d'opérer des engins sur Mars qu'au fond de la mer, pour deux raisons. Sur Mars, il existe un ensoleillement et cette lumière peut être convertie en énergie. Sous l'eau, vous dépendez de batteries et, à moins d'utiliser de l'énergie nucléaire, vous êtes très limité. En outre, dans les airs ou l'espace, vous pouvez communiquer par ondes électromagnétiques et transférer ainsi beaucoup d'informations ; sous l'eau, ces ondes sont absorbées. De ce fait, soit vous utilisez des engins autonomes et vous récupérez les informations a posteriori, au moment où l'engin remonte à la surface, soit un bateau stationne en permanence au-dessus de l'engin avec lequel une liaison physique est établie.

Concernant l'exploitation, quatre types de richesses minérales peuvent être éventuellement exploités : les sulfures hydrothermaux, les encroûtements de cobalt et de platine, les nodules polymétalliques et les gisements d'hydrogène natif. Je mets de côté l'hydrogène natif pour me concentrer sur le minier.

La question fondamentale est de remonter ces matériaux comportant des minéraux suffisamment rapidement pour compenser les coûts liés aux immobilisations des navires en surface. De ce point de vue, il n'existe actuellement aucune solution viable économiquement ou technologiquement.

En ce qui concerne la prise en compte des externalités, les écosystèmes des abysses obéissent à des cycles longs, ils sont donc fragiles et peu résilients. En outre, ils sont mal connus. Par conséquent, il est indispensable de continuer d'étudier les sous-sols de ces écosystèmes pour mieux comprendre les risques. Pour cela, nous pouvons utiliser, comme dans l'exploitation pétrolière, des planeurs sous-marins, aussi appelés gliders, pour anticiper de manière précoce d'éventuelles pollutions.

Cela dit, les écosystèmes concernés par l'exploitation sous-marine sont assez pauvres par rapport à ce qu'on peut trouver en surface - je pense aux coraux. On connaît mal ces écosystèmes, il y a de la vie, mais assez peu.

De plus, il n'est pas nécessaire d'excaver beaucoup de matériaux, parce que les concentrations de métaux rares sont deux à trois fois plus importantes qu'à terre. Qui plus est, ces matériaux sont directement sur le fond de la mer et il n'y a qu'à les récupérer.

Pour ces raisons, les externalités sur l'environnement sont potentiellement beaucoup moins importantes que pour des mines terrestres.

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