Intervention de François Bouchet

Mission d'information Conditions de la vie étudiante — Réunion du 18 mars 2021 à 14h00
Audition de M. François Bouchet président de la commission vie étudiante » de la conférence des grandes écoles cge directeur général de l'école polytechnique

François Bouchet, président de la commission « Vie étudiante » de la Conférence des grandes écoles (CGE), directeur général de l'École Polytechnique :

Je vous remercie de me donner l'occasion d'intervenir au nom de la Conférence des grandes écoles dans le cadre des travaux de votre mission.

La Conférence des grandes écoles (CGE) est l'une des trois conférences de l'enseignement supérieur avec la Conférence des directeurs des écoles françaises d'ingénieurs (CDEFI) et la Conférence des présidents d'université (CPU). Elle a été créée en 1973 en vue de promouvoir le développement et le rayonnement de ses membres en France et à l'international, avec un objectif d'amélioration de la notoriété des grandes écoles, mais aussi d'approfondissement des liens avec les acteurs de l'économie et de la société civile. Actuellement, elle regroupe près de 230 membres, parmi lesquels des écoles d'ingénieurs, de management, d'architecture, de journalisme, etc. Elle représente ainsi près de 500 000 étudiants, essentiellement de niveau master. 40 % des diplômés de master sortent de nos grandes écoles.

Au niveau de la commission « Vie étudiante », nous travaillons beaucoup avec les responsables de la vie étudiante des établissements ; ce partage d'informations nous permet de dégager des tendances assez précises de la situation. Avant la crise, les problématiques que nous rencontrions étaient plutôt classiques : une précarité financière souvent renforcée par des frais de scolarité croissants - ce qui engendre un certain stress chez nos étudiants -, la peur de l'échec scolaire parfois liée à une mauvaise orientation ; une difficulté, dans une période charnière de la vie de ces jeunes, à se positionner et à faire corps avec une promotion. Certains sont très à l'aise pour tirer profit de cette richesse ; la vie étudiante est une expérience exceptionnelle. Pour d'autres, cependant, elle peut se révéler stressante, provoquer un sentiment d'isolement, voire une détresse psychologique, une angoisse de l'avenir, notamment chez les étudiants inscrits dans des formations reconnues, mais dures et élitistes. Pour d'autres encore, l'inquiétude peut résulter des perspectives du marché de l'emploi.

Ces problématiques ne sont pas propres aux grandes écoles. Nos établissements sont cependant de taille humaine, dispensent des formations de qualité et présentent un taux d'encadrement nettement plus performant que les universités, permettant quasiment une personnalisation du lien avec les étudiants. Ce lien de proximité tissé avec les élèves est un vrai plus, d'autant qu'il se prolonge au-delà de la formation avec l'intégration assez naturelle dans un réseau d'anciens élèves. Ces communautés prennent le relais et accompagnent nos étudiants dans la recherche de leur premier emploi et au moment de leur entrée dans la vie active.

Ce « mal-être », comme l'expriment les journaux associatifs ou les réseaux sociaux, se traduit aussi par des comportements à risques : la consommation de substances addictives, les soirées festives alcoolisées... La pression du groupe peut également s'avérer difficile à supporter pour certains élèves qui ne se retrouvent pas forcément dans un collectif et qui aimeraient que l'on prête une plus grande attention à leur individualité. Tout ce qui constitue une différence peut être vécu comme un facteur d'exclusion, ou du moins de fragilité par rapport à cette dynamique de groupe.

D'un point de vue psychologique, les populations les plus à risques sont les « déracinés », c'est-à-dire les étudiants internationaux, les ultramarins et de façon générale les primo-entrants qui ont quitté un cadre familial, se retrouvent loin de leurs réseaux familiaux et amicaux, et ont besoin d'un accompagnement sous forme de parrainage, de tutorat académique, de soirées d'accueil, de week-end d'intégration. La qualité de l'accueil dans nos établissements est très importante pour éviter ce risque d'isolement.

À tout ceci s'ajoutent des difficultés économiques pour les étudiants issus de milieux très modestes, les boursiers, les étudiants venant de pays d'Afrique ou d'Asie du Sud-est. Nous devons en tenir compte car ces difficultés peuvent les exclure.

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