Merci de nous accueillir aujourd'hui pour partager un sujet qui nous tient à coeur.
La Fédération des établissements d'enseignement supérieur d'intérêt collectif (Fesic) regroupe 27 écoles, soit 70 000 étudiants. Ces établissements sont structurés sous la forme d'associations loi 1901. Nous devons le statut d'EESPIG - établissements de l'enseignement supérieur privé d'intérêt général - au Sénat et, en particulier, à une initiative de la sénatrice Valérie Létard. Ce statut a permis de reconnaître la mission de service public de ces établissements parfois centenaires, qui oeuvrent pour l'enseignement supérieur, la formation, la recherche, et ce, de manière totalement désintéressée.
Cette reconnaissance a donné naissance à une contractualisation officielle avec l'État, reposant sur des exigences de non-lucrativité et de mission de service public. Ce dispositif constitue une originalité du système d'enseignement supérieur français. Il se révèle efficace et concourt à la diversité de l'enseignement supérieur. Dans la situation concrète que nous allons aborder, il apparaît nécessaire d'examiner les initiatives de toutes les structures, quelles qu'elles soient, et d'en tirer parti.
D'autres associations représentent les EESPIG, comme l'Union des grandes écoles indépendantes (UGEI), l'Union des établissements d'enseignement supérieur catholique (UDESCA) ou les universités libres. Les 27 écoles de la Fesic sont réparties sur l'ensemble du territoire, dans des grandes villes comme dans des villes de taille moyenne, avec un rôle et un impact économique importants dans les territoires au sein desquels elles sont intégrées.
Nos écoles associatives présentent la spécificité de recevoir une subvention de l'État pour concourir à une mission de service public et de demander un financement aux élèves. Nous aimerions que le financement de l'État soit plus important. Ce sujet fait l'objet de discussions fréquentes et les sénateurs nous soutiennent souvent dans cette démarche. L'une des difficultés que nous pouvons rencontrer tient au financement des études, que ce soit les frais de scolarité ou les frais de vie. Des dispositifs existent pour compléter les aides de l'État, notamment des bourses internes distribuées par le biais de fondations ou d'associations d'anciens élèves. Nous avons aussi demandé des prêts étudiants garantis par l'État, dispositif qui a été amplifié dans le dernier budget.
L'autre spécificité de nos écoles associatives réside dans la formation académique et non académique de nos élèves. Nous assurons la formation intégrale des jeunes, ce qui se traduit par une vie associative particulièrement riche. Nous accompagnons cette vie associative, qui concourt au sentiment de bien-être et d'inclusion de tous les élèves dans nos écoles, quelles que soient leurs origines.
Les classements internationaux des écoles sont parfois décriés. Celui de Shanghai présente un aspect très académique, mais d'autres commencent à apparaître, notamment dans les pays anglo-saxons, qui sont beaucoup plus sensibles au ressenti des étudiants et à l'appréciation qu'ils portent sur leur école. Dans le classement « Happy At School », les écoles de la Fesic s'en sortent d'ailleurs très bien, se positionnant dans le haut du classement. En termes d'appréciation du bien-être des élèves et de leur intégration dans l'école, nos écoles affichent un pourcentage de très grande satisfaction, beaucoup plus élevé que les universités qui ont peut-être moins ce souci du bien-être des élèves. Notre taille plus petite nous permet sans doute aussi d'être plus proches de nos étudiants.
Globalement, avant la crise covid, nos élèves allaient bien en dehors de ce sujet de financement qui restait à améliorer. Nous ne vivons pas pour autant en dehors du monde. Même si nous avons mis en place de nombreuses mesures, nos élèves ont été affectés par la crise, d'un point de vue financier d'abord. Certains finançaient une partie de leurs études par le biais de jobs étudiants. Nous n'accueillons pas que des étudiants issus de catégories sociales favorisées. Nos écoles payantes comptent 20 % à 25 % d'étudiants boursiers, un pourcentage sensiblement similaire à celui des écoles publiques qui sont presque gratuites. Outre la perte des jobs étudiants, nos jeunes ont eu des difficultés à trouver des stages rémunérés.
Comme toutes les écoles, nous avons également été confrontés à des défis académiques. Nous avons fait preuve d'une grande agilité pour basculer vers l'enseignement distanciel. Durant le premier confinement, cette bascules s'est opérée correctement, grâce notamment à l'attrait de la nouveauté. Les mois passant, surtout depuis la rentrée scolaire de septembre, nous sentons une vraie usure, une fatigue morale et un décrochage qui ont des impacts sur les études de nos élèves. Nous avons donc été amenés à prendre de multiples mesures pour y faire face.
Enfin, certains de nos élèves ont connu des problèmes d'isolement et de fragilité psychologique et, là encore, nous avons mis en place différentes actions pour essayer de les aider.
Dans les EESPIG, nos étudiants ont rencontré les mêmes difficultés que les étudiants des universités. Nous avons tout d'abord tenté d'apporter des solutions financières. Les écoles et leurs anciens élèves se sont mobilisés pour mener des politiques de soutien financier, avec l'augmentation des bourses versées, la mise en place de prêts d'honneur, parfois conjointement avec des banques, pour que des étudiants sans caution puissent demander des prêts. En général, les étudiants boursiers disposent de certains soutiens. La difficulté concerne les étudiants non boursiers, qui se trouvent juste au-dessus du seuil et dont les parents sont parfois dans l'impossibilité de payer leurs études. Dans de nombreuses écoles, nous avons aussi distribué des aides grâce à la mobilisation de la contribution vie étudiante et de campus (CVEC).