Le budget de l'AIFM se situe aux alentours de 10 millions de dollars par an. Je n'ai pas le montant de la contribution française en tête, mais je pourrai vous l'indiquer après la réunion, si vous le souhaitez. Les contributions des États sont calquées sur les pourcentages appliqués pour déterminer les contributions aux Nations unies. Cependant, je tiens à préciser que l'AIFM est une organisation internationale à part entière et n'est donc pas dépendante des Nations unies.
Les États forment trois grands groupes d'influence principaux au sein de l'AIFM.
Le groupe dit des 77 (G77) - qu'il conviendrait de nuancer un peu - est constitué des États en développement et notamment des États africains. La Chine, bien que membre du G77, a une position différente de celle des États africains. Ces pays en développement penchent en faveur d'une exploitation future, dont ils seront les premiers à bénéficier. Aujourd'hui, différents modes de partage équitable des bénéfices sont en discussion. Le partage des bénéfices financiers n'est pas le seul en question. Nous y reviendrons plus tard.
Les pays asiatiques partagent un intérêt principal de sécurisation de leurs approvisionnements en métaux. Il s'agit évidemment de la Chine, mais aussi de l'Inde, du Japon et de la Corée. Ces pays sont technologiquement extrêmement avancés, vont très vite et ont de très grandes ambitions en matière d'exploitation des minéraux. Ils accélèrent la recherche au sein de leur zone économique exclusive (ZEE) et envisagent, dans un second temps, l'exploitation de la Zone des grands fonds internationaux. La position de la Chine est particulière, car elle contrôle 96 à 98 % des terres rares au monde. Or les grands fonds marins en sont très riches. Les pays développés y portent un intérêt particulier pour réussir leur transition écologique. En effet, les terres rares sont des métaux présents dans les batteries, les éoliennes, les panneaux solaires etc. Si la Chine décidait de couper les approvisionnements en terres rares, les autres pays seraient confrontés à des difficultés importantes.
Les pays occidentaux, notamment la France, ont une approche de précaution en permettant l'exploration, puis éventuellement, demain, l'exploitation, uniquement si ces activités peuvent être réalisées de manière durable, raisonnée et dans le respect de l'environnement marin. L'AIFM a un rôle important à jouer dans cette approche, car une grande partie des règlementations instaurées a trait à la protection de l'environnement marin. Au titre de l'article 145 de la convention de Montego Bay, l'AIFM a un mandat général de protection de l'environnement des grands fonds marins. Sa compétence porte également sur la colonne d'eau. En effet, l'exploitation implique des rejets dans la colonne d'eau. L'AIFM jouit donc d'un mandat pour surveiller et éviter la perturbation des écosystèmes marins dans la colonne d'eau. Elle est d'ailleurs la seule organisation internationale bénéficiant d'un mandat sur la colonne d'eau en haute mer. La France est très attentive à ce que soient mis en place, au sein des règlements de l'AIFM, le plus de garde-fous possibles afin d'assurer une protection efficace de l'environnement marin.