Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, dès le mois de février dernier, j’avais demandé en conférence des présidents l’inscription à l’ordre du jour de nos travaux, dans le cadre des semaines sénatoriales de contrôle de l’action du Gouvernement et d’évaluation des politiques publiques, d’un débat consacré à la réforme des lycées, qui était au cœur de la réflexion de la commission depuis deux ans, grâce à la mise en place d’une mission d’information portant sur la diversité sociale et l’égalité des chances dans la composition des classes préparatoires aux grandes écoles et la création d’un groupe de travail sur la réforme du baccalauréat.
Ce débat programmé le 12 juin 2009 avait été repoussé à votre demande, monsieur le ministre, car cette date coïncidait avec votre prise de fonctions.
Nous aurions pu, à l’époque, réagir aux propositions formulées par M. Richard Descoings, qui s’était vu confier par le Président de la République une mission sur la réforme du lycée. En effet, nous aurions souhaité présenter nos orientations avant que le Président de la République ne trace les grandes lignes de sa réforme. Mais le calendrier parlementaire n’a pas rendu cette démarche possible. Il se trouve d’ailleurs que le Président de la République a présenté, la semaine dernière, les grandes lignes de la réforme du lycée général et technologique, vous confiant, monsieur le ministre, le soin d’en détailler les modalités et d’en régler la mécanique afin que, dès la rentrée 2010, le premier volet concernant la classe de seconde soit achevé. Même si la messe est dite, j’ai le sentiment qu’il n’est pas encore trop tard pour vous livrer nos réflexions.
Cette réforme prolonge la rénovation de la voie professionnelle qui est pleinement engagée depuis la rentrée 2009. Je tiens à vous assurer, monsieur le ministre, de mon entier soutien à la refonte du baccalauréat professionnel en trois ans, mais, j’y insiste, cette réforme doit être assortie d’une possible reprise d’études pour les bacheliers professionnels dans le cadre de la formation continue.
Alors que la réforme sera essentiellement menée par voie règlementaire, conformément à la nature des mesures qui doivent être prises, la commission de la culture, de l’éducation et de la communication estime néanmoins nécessaire de vous exposer quelques pistes de réforme, qui reposent sur un diagnostic partagé, et ce d’autant qu’une délégation s’est rendue, au mois de septembre dernier, en Finlande pour y analyser les causes du succès de l’enseignement secondaire, succès révélés dans les enquêtes PISA menées par les experts de l’OCDE, l’Organisation de coopération et de développement économiques, que la commission a entendus la semaine passée.
Une orientation plus fluide, construite dans la durée, par choix et non par défaut, un accompagnement personnalisé des élèves, une plus grande ouverture des établissements sur le monde contemporain, telles sont les lignes de force du projet tracé par le Président de la République à l’issue d’une longue concertation avec l’ensemble des parties prenantes. Lycéens et étudiants, parents d’élèves, enseignants et personnels administratifs, représentants du monde socio-économique ont tous eu l’occasion de s’exprimer, et je ne doute pas, monsieur le ministre, que vous les entendrez de nouveau tout au long de la mise en œuvre de la réforme.
Il ne conviendrait pas, mes chers collègues, de céder à l’impression que le lycée est en perdition, alors qu’il parvient, malgré ses défauts et ses lacunes, à amener les deux tiers d’une classe d’âge au baccalauréat. N’oublions pas qu’un quart d’entre eux seulement parvenait à ce niveau en 1980 ! L’élévation des qualifications est un fait indiscutable. Elle doit beaucoup à la création des voies technologiques et professionnelles, dont les succès doivent être salués parce que celles-ci peuvent, elles aussi, constituer des voies d’excellence pour nos enfants.
Dès lors, la question qui se pose à nous est plutôt de savoir comment le lycée peut aller encore mieux. Comment peut-il offrir à tous un parcours de réussite et d’épanouissement ? Et, surtout, il nous faut répondre à cette question qui nous obsède tous : que faire pour ces 130 000 jeunes qui, chaque année, quittent le système scolaire sans diplôme et sans qualification ?