Intervention de Michel Turin

Mission commune d'information sur la filière viande en France et en Europe — Réunion du 12 juin 2013 : 1ère réunion
Audition de M. Michel Turin écrivain journaliste auteur de l'ouvrage « halal à tous les étals »

Michel Turin :

Avec l'éditeur, nous avons voulu prendre le mot « étal » au sens large. Il ne s'agit pas seulement de la viande : je parle également du grand intérêt que montre la grande distribution pour des produits estampillés halal. C'est un marché qui se développe considérablement et qui a pris des proportions étonnantes. On trouve, en France, dans un pays occidental, une gamme de produits halal qu'on ne trouve pas, m'a-t-on dit, dans des pays musulmans !

Le titre qui avait ma préférence et celle de l'éditeur était celui de « halal business ». Je voulais en effet raconter le business du halal, qui constitue, selon moi, une composante du débat qui nous occupe. Or, le service des droits de Calmann Lévy a découvert qu'une entreprise avait déposé le titre, y compris pour des ouvrages. Nous sommes donc revenus au premier titre auquel j'avais pensé.

Un autre titre était également : « Enquête sur une névrose française ». Tout ceci relève presque en effet de la pathologie, personne n'est à sa place, chacun joue à contre-emploi, défend des intérêts individuels économiques qui peuvent être certes légitimes, mais qui vont à l'encontre du « vivre ensemble », compliquent la vie de tout le monde et créent des situations impossibles !

On est au milieu de compromissions, de malentendus entretenus. Il y a quelques années avait été créée la Fondation pour les oeuvres de l'Islam, sur une idée de Dominique de Villepin, dont le but était de collecter l'argent de la taxe halal pour financer le culte musulman en France. Aussitôt, l'Association nationale interprofessionnelle du bétail et des viandes (InterBev) est montée au créneau, en arguant du fait qu'il n'était pas question de la transformer en collecteur d'impôts ! Pourtant, elle accepte de faire de l'abattage rituel, de jouer sur la complémentarité des circuits et de vendre dans les circuits traditionnels de la viande abattue rituellement. Il paraîtrait pourtant légitime que les Musulmans pratiquants qui tiennent à obéir à certains préceptes religieux et ont envie de respecter les interdits alimentaires correspondants puissent le faire, les autres n'ayant aucune raison d'y être obligés !

Sans aller jusqu'à dire que l'argent du halal finance le terrorisme, on peut avoir de bonnes raisons de refuser d'acquitter indirectement une taxe qui ne correspond pas à ses convictions personnelles !

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