Ma poésie restera très pragmatique, je vous rassure !
Le département de l'Aube compte 300 000 habitants, et 433 communes. Trois d'entre elles sont engagées dans la réforme des rythmes scolaires -dont la mienne peut-être parce que j'ai un lourd passif, dans la mesure où j'ai été enseignant durant quarante ans et, pendant trente-cinq ans, au service des élèves en difficulté. J'ai également beaucoup travaillé sur les rythmes biologiques de l'enfant.
Je ne pouvais donc que souscrire à cette réforme, dans la mesure où celle-ci, voulue par l'ancien ministre et par le nouveau, visant à améliorer le système éducatif afin que l'enfant y trouve toute sa place. Je pense que nous partageons tous la même conviction : un pays qui veut évoluer instruit et éduque ses enfants. C'est notre premier devoir en tant qu'élus!
Quand la réforme s'est annoncée, j'ai été le premier maire du département à me positionner en sa faveur. Cela n'a pas empêché le Directeur académique des services de l'Éducation Nationale (DASEN) de nous supprimer une classe, mais nous la retrouverons bientôt, grâce aux mouvements de population.
Le contexte du département est quelque peu spécial. L'un de vos collègues, le sénateur Philippe Adnot, a d'emblée exercé un chantage très fort auprès des maires, en affirmant qu'il ne modifierait pas les transports scolaires, que cette réforme venait tout bousculer, et que si l'on voulait l'appliquer en instituant le samedi matin, il ne paierait pas le transport scolaire des enfants, qui serait donc à notre charge.
J'ai la chance d'être l'élu, depuis le 18 mars 1983, d'une commune de 600 habitants qui possède son école communale. Celle-ci compte à présent trois classes, et a d'ailleurs été équipée en numérique, grâce au plan du même nom...
Il est vrai qu'il n'est pas simple de mettre en place cette réforme. Février et septembre 2013 y ont été quasiment entièrement consacrés, avec un partenaire incontournable, souvent mal reconnu, la Ligue de l'enseignement. Nous nous sommes rapprochés et nous avons bâti ensemble un projet intéressant, que nous avons voulu évolutif, à tel point qu'en cours d'année scolaire, deux modifications vont avoir lieu sur les rythmes et les horaires.
En effet, nous avons avant tout voulu donner la parole aux enfants, afin qu'ils s'expriment sur ce qu'ils vivaient, et nous corrigeons au fur et à mesure ce qui ne convient pas à leur rythme.
Il est évident qu'il a fallu se poser la question du financement. L'intercommunalité est un obstacle à la mise en place de cette réforme : transporter des enfants en trois-quarts d'heure va poser des problèmes énormes, insoupçonnés de ceux qui sont à l'origine de cette organisation. Les communes rurales ont la chance d'avoir un tissu humain et associatif très fort, et toute la communauté éducative rassemblée - enseignants, parents, intervenants, associations, élus - a préparé un projet d'école.
On ne s'est pas posé la question du budget, mais nous avons là encore de la chance, dans la mesure où nous avons des revenus très faibles. En effet, la grande disparité des dotations ne permet pas à toutes les communes de faire la même chose, et c'est bien regrettable ! Ce qu'on nous donne en première et en seconde part, ainsi que les aides de la caisse d'allocations familiales, dès lors qu'on fait notre travail correctement, nous permettent d'espérer, par élève, environ 140 euros par an, ce qui permet de réaliser certaines choses.