Etre convaincu de l'utilité de ce que l'on veut faire est la meilleure des conditions pour réussir. Il ne faut ni négliger le temps dont on dispose, ni la démarche pour y parvenir, ni l'environnement psychologique. Or, ces aspects ont été quelque peu délaissés. Après la première annonce du ministre, quatre à cinq mois se sont écoulés avant que l'on aborde le sujet. On a perdu énormément de temps !
Ce qui doit prendre le pas dans le débat, c'est l'opportunité extraordinaire que représente cette réflexion sur les rythmes scolaires, qui bouleverse notre manière de penser de manière très profonde. Ce chantier est, selon moi, une forme de révolution culturelle. On ne peut résoudre la question en deux mois. Il ne s'agit pas de l'édiction d'une norme : on touche à la psychologie, aux habitudes, aux responsabilités, à la diversité des territoires... Les paramètres sont si variés qu'il faut du temps.
Quant à la répartition des responsabilités entre l'Etat et l'école, je considère que notre société avance bien plus vite que notre organisation territoriale et républicaine. Le fait que la dotation globale de fonctionnement (DGF) soit moitié moins élevée pour un rural que pour un urbain pouvait se défendre dans les années 1960. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Or, la question du coût des rythmes scolaires, du litre de gasoil ou de l'heure d'animation se pose dans les mêmes termes à la campagne et en ville. Pendant combien de temps va-t-on encore supporter cette différence ? Ce système est obsolète, et rend les choses encore plus difficiles !
Pour ce qui est des pressions, le positionnement des syndicats d'enseignants est quelque peu curieux. Ils sont montés au créneau contre 4 jours de scolarité par semaine, On aurait pu penser qu'ils allaient être contents de passer à 4,5 jours. Tel n'est pas le cas ! Cela me dépasse...
Les associations de parents d'élèves, pour leur part, sont unanimes pour dire qu'il s'agit d'une nécessité. Certaines ont même tenu des propos outranciers, comme la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE), qui menaçait les maires qui ne passeraient pas aux nouveaux rythmes de sanctions lors des municipales !
Enfin, il faut également s'appuyer sur les associations d'éducation populaire, qui ont été malmenées ces dernières années. Peut-être faut-il leur laisser le temps de se reconstruire... Les maires ne sont pas formés pour cela, même s'ils sont polyvalents, avec toutes les limites que cela comporte ! Il faut rechercher les compétences là où elles sont, et accompagner ce tissu lié à la vie associative et à l'éducation populaire, qui ont la pratique de l'animation et de l'organisation.