Intervention de Eric Favey

Mission commune d'information sur les rythmes scolaires — Réunion du 29 janvier 2014 : 1ère réunion
Audition de responsables d'associations d'éducation populaire

Eric Favey :

La question du nombre de projets éducatifs territoriaux est un piège. Si on veut savoir combien il en existe, il suffit de comptabiliser les formulaires CERFA ! Mais c'est au regard de leur contenu que l'on peut savoir s'il s'agit ou non de vrais projets.

Il existe aujourd'hui des communes qui n'ont pas de projets éducatifs territoriaux, mais des projets éducatifs locaux qui vont bien au-delà ! Le ministère les a estimés à 1 500, 22 % des communes s'étant engagées en 2013.

Les choses bougent cependant tous les jours, et nous souhaitons qu'un maximum de communes se dotent de politiques éducatives locales traduites par des projets éducatifs territoriaux. Ce n'est pas obligatoire, il faut le rappeler : la loi n'oblige aucune commune à se doter d'un projet éducatif territorial, ni à mettre en oeuvre des activités périscolaires qui complètent le temps scolaire. Il existe une incitation très forte et des financements, constituant ainsi un cadre, mais on en reste au stade du volontariat.

Pourquoi insistons-nous sur cette dimension qualitative du projet, et non sur son aspect quantitatif ? Derrière tout cela, apparaissent un certain nombre d'objectifs autour des politiques éducatives de territoire.

Nous appréhendons la question de manière quelque peu différente par rapport à ce qui figure dans la loi, non parce que la loi n'y fait pas référence, mais parce qu'il existe, depuis vingt ans, des collectivités qui ont élaboré des politiques éducatives locales, et des mouvements associatifs qui les ont accompagnées. Ce sont des acteurs importants de cette construction qui continuent, aujourd'hui encore, à intervenir au quotidien.

La première vocation d'un projet éducatif territorial, nous semble-t-il, est de permettre aux enfants et aux jeunes d'élargir leur culture. Un grand quotidien du soir l'évoquait la semaine passée : 75 % de la population de notre pays considère qu'il faut se méfier des autres, lorsqu'on est dans l'obligation de s'adresser à eux ! Ceci traduit un vrai problème de compréhension réciproque ! Travaillons donc à l'élargissement permanent des représentations...

En second lieu, il convient de donner du sens aux savoirs scolaires ; on ne trouve pas du sens que dans l'école : on peut aussi prendre appui sur ce que l'on apprend à l'extérieur. Cette remarque est d'ordre dialectique...

Par ailleurs, pour que les enfants sentent qu'ils ont une place sur un territoire, il faut qu'ils soient concernés par leur pratique, qu'ils y croient ! Dans le cas contraire, nos valeurs républicaines et démocratiques risquent d'être discréditées !

Enfin, il faut apprendre à faire le meilleur usage des nouveaux rythmes scolaires, des territoires et de leurs ressources. Il est bon qu'un enfant découvre qu'il peut s'appuyer sur des institutions, des personnes ou des associations pour effectuer des choix personnels, professionnels, puis plus tard citoyens. C'est une expérience dont il fera le meilleur usage sur le plan de l'éducation et de la formation tout au long de la vie. Sur un petit territoire local, l'enfant éprouve le monde. C'est ce qu'il faut arriver à réaliser, et la question des rythmes scolaire ne prend sens que dans ce cadre.

Nous le constatons à travers l'engagement associatif local : il faut insister sur la question des talents à mobiliser, dans un pays qui vit une certaine crise de confiance. Réunir la population autour d'un enjeu éducatif, c'est l'amener à se prendre en charge !

Aucun territoire n'est dépourvu de talents, mais la manière de les combiner n'est pas partout la même, en particulier en matière d'accueil. On ne peut pas demander à un boucher passionné, qui transmet son art dans un atelier pendant six semaines, de seulement assurer la permanence de l'accueil des enfants dans une structure de loisirs. Il faut donc combiner les talents que l'on trouve sur les territoires avec la nécessité d'organiser l'accueil des enfants sur le temps périscolaire.

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