Merci de votre invitation, et de cette occasion de vous présenter notre initiative. Ces dernières semaines, la presse a été pour le moins volatile, annonçant, vers le 15 avril, la mort du projet. Mark Twain, lisant dans le journal l'annonce de son propre décès, rétorqua que « les rumeurs de son décès avaient été grandement exagérées ». À aucun moment, nous n'avons décidé de mettre fin au projet, à aucun moment le soutien des milieux financiers ne nous a fait défaut.
La prophétie risquant toutefois de se révéler auto-réalisatrice, nous avons entrepris de rectifier le tir et poursuivi notre effort pour lever des fonds. Nous avons annoncé une cible de 300 millions d'euros, somme nécessaire pour rentrer sur un marché oligopolistique. On ne peut le faire à moins ; cela prendra deux à trois ans, car il faut des investissements en matière d'informatique ou de ressources humaines. Nous avons aujourd'hui recueilli des engagements de la part de banques, de compagnies d'assurance et de places financières européennes, à hauteur de 130 millions environ. Nous ne pouvons toutefois leur demander d'apposer leur signature, faute d'infrastructure juridique : il faut d'abord créer une fondation, une société anonyme à responsabilité limitée. Nous commencerons à recueillir les signatures en juin. Point n'est besoin d'avoir récolté les 300 millions pour se lancer : nous nous lancerons quand nous aurons réuni 150 à 200 millions, et continuerons à réunir des fonds sur un ou deux ans. Etant donné l'importance des engagements déjà consentis, nous sommes confiants.
Il y a bien sûr des risques résiduels : les informations diffusées à tort par la presse pourraient conduire des investisseurs à annuler leurs engagements. Cela nous retarderait, mais nous n'abandonnerions pas pour autant le projet.
Roland Berger est consultant dans le secteur financier et non financier, et auprès de gouvernements et d'institutions, activités incompatibles avec sa participation à une agence de notation. Ces conflits d'intérêt interdisent au cabinet de rester dans la partie. Je travaille depuis deux ans au projet : c'est moi qui l'ai présenté aux investisseurs, et c'est moi qui serai le PDG de la fondation. J'ai donc démissionné hier de mes fonctions auprès de Roland Berger. Le cabinet continuera à apporter une aide logistique et matérielle au projet sur les prochains mois avant de lui donner son indépendance.
Il est important de réunir un groupe d'investisseurs européens diversifié, car nous ne voulons pas d'un effort à dimension purement nationale. Nous espérons trouver une majorité de participants hors d'Allemagne, les deux tiers au moins. Les discussions avec les partenaires français ont donné des résultats mitigés, entre signes d'intérêt et réticences. À mes yeux, une participation française active est toutefois indispensable pour que l'agence soit réellement européenne, et pour le marketing du projet.
Nous avons choisi des sites européens : Londres pour les services financiers, Francfort pour la notation des pays, Paris pour la notation des entreprises - choix indépendant, bien entendu, des engagements de la part de partenaires français !