Intervention de Georges Baroni

Mission d'information Méthanisation — Réunion du 30 mars 2021 à 16h30
Audition de représentants d'organisations syndicales agricoles — Audition de Mm. Olivier dauGer administrateur en charge des questions climatiques de la fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles fnsea christophe chatet membre du conseil d'administration des jeunes agriculteurs georges baroni responsable de la commission énergie de la confédération paysanne et alain sambourg représentant de la coordination rurale

Georges Baroni, responsable de la commission énergie de la Confédération paysanne :

Je suis depuis 30 ans viticulteur dans le Var. Je m'occupe de l'énergie et du climat au sein de la Confédération paysanne, depuis la Conférence de Copenhague de 2009 sur les changements climatiques.

Dans votre introduction, monsieur le rapporteur, vous avez rappelé que la Confédération paysanne avait demandé un moratoire. Ce moratoire a pour objectif de mener à bien un examen de tous les aspects, positifs et négatifs, de la méthanisation. Le débat organisé par le Sénat constitue une excellente initiative, qui nous permet de nous rencontrer et de partager des points de vue différents.

Vous avez cité la question du changement climatique. Les médias associent agriculture et émission de gaz à effet de serre (GES), en insistant sur l'importance non négligeable de leur niveau, juste après les transports. Si certaines activités agricoles, notamment celles qui sont liées aux engrais ammonitrates, émettent des GES, la méthanisation n'est pas la bonne réponse. Elle consiste à prendre le carbone dans les plantes, à le transformer en carbone énergétique et à le brûler. Or, ce mécanisme produit des GES, sous la forme de CO2. Je ne vois donc pas de bilan positif de la méthanisation sur la réduction des GES agissant sur le changement climatique.

Si nous allons plus loin dans l'analyse des cycles de vie, nous constatons que la méthanisation est loin d'avoir un cycle de vie vertueux au niveau des émissions de GES. Par ailleurs, la mise en oeuvre d'un projet de méthanisation implique l'utilisation d'intrants d'origine agricole et d'origine extra-agricole, notamment les boues des stations de traitement des eaux. Nous nous sommes inquiétés de la pollution engendrée par ces boues qui n'auraient pas été stérilisées ou débarrassées d'un certain nombre de polluants. En dehors des intrants, nous estimons que l'usage des digestats ne permettra pas de conserver la biodiversité et la fertilité des sols. Au moment où ils sont épandus dans les sols, les digestats émettent de l'ammoniac et, même si l'on respecte les profondeurs d'enfouissement, ils ne restituent que deux carbones sur les sept qui existaient à l'origine dans la plante. Il y a donc une perte de carbone : il est dans le biogaz et se transformera en GES.

La Confédération paysanne est favorable aux petits méthaniseurs dans les fermes, répondant aux besoins de l'exploitation agricole et non aux méthaniseurs qui regroupent plusieurs agriculteurs ou des entités extérieures, comme des industries agroalimentaires.

En outre, la graisse dispose d'un pouvoir méthaniseur nettement plus important que le fumier de vache. Celui-ci représente entre 20 et 25 normos mètre cube (Nm3) de méthane par tonne de matière sèche, le maïs ensilé 85 et les matières grasses entre 100 et 110. Pour conclure cet avant-propos, la Confédération paysanne n'est pas complètement opposée à la méthanisation, mais elle est complètement opposée à la méthanisation de type industrielle. Cette dernière ne fait que dégrader les qualités des cultures qui constituent la base de l'agriculture paysanne, laquelle produit une alimentation de qualité et sait protéger son environnement.

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