La méthanisation est une filière très industrielle, avec la technicité de l'énergie. D'une façon générale, les agriculteurs connaissent les méthaniseurs, qui fonctionnent comme une panse de vache et sont capables de mettre en oeuvre ces équipements, même s'ils ne maîtrisent pas tous les aspects de la partie aval de la méthanisation. Le gaz doit effectivement respecter des normes de pureté et celles-ci dépendent des intrants, du suivi et du professionnalisme des opérateurs. C'est loin d'être un métier anodin.
La question des CIVEs d'été a été abordée. Elles doivent être bien choisies. Certains agriculteurs travaillent ainsi sur des CIVEs d'hiver ou sur du sorgho, qui présentent l'avantage de consommer très peu d'eau.
Comme la méthanisation est une filière nouvelle, il faut faire travailler la recherche sur la question du carbone dans les sols. Nous manquons encore sans doute de recul. Mais les premiers résultats des études réalisées par l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) ne sont pas alarmants. La méthanisation permet que les sols soient couverts toute l'année, ce qui favorise la biodiversité : l'agroécologie est sans doute une voie d'avenir pour l'agriculture. La méthanisation implique de produire plus de biomasse. Or, pour produire plus de biomasse et pour capter plus de carbone, il faut augmenter la matière organique.
Sur l'hydrogène et le CO2, je veux vous rassurer. Le problème aujourd'hui, réside dans le fait que nous ne sommes pas capables de produire de « l'hydrogène vert » : nous utilisons donc de « l'hydrogène bleu », c'est-à-dire du gaz fossile pour le produire. L'objectif pour demain consisterait à utiliser le CO2 issu entre autres de la méthanisation pour obtenir, le cas échéant, de l'hydrogène. C'est une énergie particulièrement complémentaire de l'énergie électrique, car elle est stockable. Si le biogaz est de qualité, il peut être mélangé à du gaz fossile. Les recherches ont également montré qu'il était possible de mettre une petite part d'hydrogène dans les tuyaux, voire d'utiliser ces derniers pour mettre de l'hydrogène à la place du gaz. Nous pourrons donc disposer d'une énergie stockable, permettant de produire de l'électricité ou de l'hydrogène pendant les périodes sans soleil, sans vent et de grand froid. Toute la consommation de gaz ne pourra bien sûr pas être remplacée par le biogaz, mais c'est l'une des « briques » de l'édifice de la transition énergétique, avec, en outre, une garantie de stockage de l'énergie permettant de stocker trois quarts d'une année complète de consommation, ce qui représenterait un véritable atout sur le plan économique.