Intervention de Philippe Folliot

Réunion du 14 mars 2023 à 14h30
Compétences de la collectivité de saint-barthélemy — Adoption d'une proposition de loi organique dans le texte de la commission

Photo de Philippe FolliotPhilippe Folliot :

Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, chère Micheline Jacques, c’est Christophe Colomb qui a découvert Saint-Barthélemy ; il l’a d’ailleurs renommée en l’honneur de son frère Bartolomeo.

Trois dates ont marqué l’histoire de l’île. En 1784, Louis XVI décidait de la donner à la Suède. En 1878, soit près d’un siècle plus tard, elle redevenait française à la suite d’un terrible cyclone qui l’avait, déjà, dévastée. En 2007, ce qui était alors une commune du département de la Guadeloupe devenait une collectivité d’outre-mer. À partir de là, Saint-Barthélemy a pu mieux prendre en main son destin.

Parmi les caractéristiques de l’île, la monoactivité qu’est le tourisme a des conséquences sur la santé, sujet dont nous débattons aujourd’hui. De fait, la population de 9 000 habitants atteint les 15 000 personnes l’été avec les saisonniers, sans compter les touristes. Il est donc nécessaire de disposer d’installations sanitaires adaptées à une telle situation.

Le texte que vous défendez, chers collègues, se situe dans le droit fil des travaux de votre prédécesseur Michel Magras, que je salue ici. Il est tout à fait à propos, à plusieurs titres.

En premier lieu, je salue son caractère expérimental et la volonté de la collectivité d’assumer aux côtés de l’État certaines responsabilités particulièrement importantes pour la population, en l’occurrence celles qui sont liées à la santé. Quoi qu’on en dise, sans le socle d’un service de santé efficace et adapté, toute perspective de développement économique et social d’un territoire est annihilée. En ce sens, que la collectivité veuille prendre ses responsabilités en la matière aux côtés de l’État est un élément important.

En second lieu, comme cela a été dit, ce texte est éminemment bien construit. Les rapporteurs ont souligné cette finesse : durée limitée, rapports par étape… Ses dispositions permettront de répondre de la meilleure façon qui soit aux besoins exprimés par la collectivité et par ses habitants.

Pour autant, l’offre de santé ne peut pas reposer que sur Saint-Barthélemy. Nous sommes obligés de parler géographie : distante de 25 kilomètres de Saint-Martin, de 240 kilomètres environ de la Guadeloupe, l’île est soumise à la tyrannie des distances, si vous me permettez l’expression. Il faut tenir compte de ce cadre et de cette spécificité en matière d’offre de soins. Si tout ce qui a trait à la bobologie et aux premiers soins peut être traité sur place, il est nécessaire de pouvoir évacuer les patients vers d’autres hôpitaux, plus particulièrement vers le CHU de la Guadeloupe.

Les évacuations sanitaires ont été mentionnées par plusieurs collègues. Comme j’ai eu l’occasion de l’écrire, il me paraît essentiel de préciser que les questions relatives à une approche spécifique pour nos départements et nos collectivités d’outre-mer revêtent dans ce cadre-là leur plus particulière singularité.

Je m’explique. Certes, comme M. Lurel l’a rappelé fort à propos, avoir un hélicoptère est une nécessité ; tout le monde en conviendra. Mais il serait peut-être judicieux d’adopter une approche qui ne soit pas fondée uniquement sur ce seul aspect. Il pourrait être intéressant, en lien avec l’État, les différentes administrations, la collectivité de Saint-Barthélemy et celle de Saint-Martin, de mettre à disposition un hélicoptère qui serait basé sur place, mais totalement polyvalent. Il devrait pouvoir servir pour les évacuations sanitaires, ainsi que les opérations de douane, de gendarmerie et de protection civile. Cet outil pourrait offrir un service local. Toutefois, déposséder la Guadeloupe de son hélicoptère d’évacuation sanitaire poserait des difficultés à cette dernière.

Il est nécessaire que les administrations puissent, de manière singulière, travailler ensemble pour apporter des solutions originales et spécifiques, en lien avec les collectivités. Cette piste me semble tout à fait intéressante. Cela permettrait de répondre aux besoins sanitaires, à commencer par les évacuations d’urgence, mais également à d’autres problématiques : lutte contre le narcotrafic, sécurité publique…

Pour conclure, comme les uns et les autres l’ont dit et répété, ce texte est bien construit, équilibré et permet de répondre à un besoin des populations de Saint-Barthélemy. Il est aussi exemplaire dans l’expérimentation ainsi proposée. Le groupe Union Centriste est très attaché à cette dimension. Dans ce domaine comme dans d’autres, il est clair qu’une approche uniforme à l’échelon national est totalement inadaptée, et plus encore pour les outre-mer. Avec ambition et conviction, les membres du groupe Union Centriste voteront en faveur de ce texte.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion