Le sujet est de savoir si nous sommes une société responsable, qui sait compter. Oui ! Notre modèle économique se tient, nous sommes un opérateur rentable, qui dégage du cash. Ce cash est systématiquement utilisé pour être réinvesti dans nos réseaux. On cale nos réinvestissements en fonction de notre capacité à générer du cash. Je vous l'ai dit : à la fin, il n'en reste pas beaucoup, mais c'est ainsi. Nous nous sommes développés en investissant dans des réseaux, et c'est notre volonté d'investir.
Quant au plan de reprise, il comporte un peu plus de 200 000 lignes pour lesquelles nous nous sommes mis d'accord sur une procédure de raccordement renforcé et un suivi de près. Si cela ne devait pas fonctionner, nous avons pris l'engagement de redéployer le réseau sur ces 200 000 prises.
Concernant le New Deal, je vous ai répondu indirectement sur le coût des fréquences et le coût de l'argent que l'on met dans ces fréquences. L'argent que l'on va remettre dans ces fréquences - et ces sujets sont liés - ne sera pas remis sur des couvertures de zones qui pourraient en avoir besoin. C'est un choix.
Je remarque simplement qu'en 2027, un arrêt du déploiement des quatre opérateurs de ces 5 000 sites doit avoir lieu. Si la couverture du territoire est satisfaisante à ce moment-là pour l'ensemble des populations, il n'y a pas de raison d'avoir un New Deal - mais je ne suis pas sûr que vous n'ayez pas des demandes supplémentaires. S'il n'y en a pas, bien évidemment il faut un appel d'offres. Ce que n'aiment pas les opérateurs, c'est l'incertitude à propos de ces notions de fréquences. C'est toujours un stress. Une telle méconnaissance est un vrai sujet.
S'agissant de l'extinction du cuivre, la question est de ne pas avoir de transfert de valeurs entre les opérateurs. C'est le principal sujet. Si on éteint le cuivre à un horizon lointain et que, dans le même temps, on permet à des acteurs de pratiquer des prix plus bas sur ces zones, on se retrouvera avec un sujet de transfert de valeurs ou de transfert de parc d'abonnés entre les opérateurs, et c'est une vraie question.
Concernant Starlink, il ne s'agit pas d'un deal avec la France, mais d'un accord avec la Suisse. Nous avons un important spectre en Suisse. Nous avons autorisé Starlink à utiliser une partie de notre spectre, ce qui permet, dans les zones montagneuses d'avoir la possibilité, sans changer d'abonnement, de se connecter à un opérateur satellitaire. C'est du bas débit et cela ne remplacera jamais ce que l'on est capable de faire, mais il nous a paru important de le faire, car nous avions des défauts de couverture dans certains endroits. Ce surplus de spectre nous permet de le faire.
C'est intégré automatiquement pour la plupart de nos abonnés, mais ce n'est pas ouvert commercialement. Ceci va l'être. Je ne sais si on est capable de faire la même chose en France. On a un spectre moins étendu et c'est plus difficile, mais le satellite va permettre de couvrir des zones où on n'arrivera pas à aller, même avec la fibre optique.
Dépenser 20 000 ou 30 000 euros pour un foyer pour une recette de 30 euros par mois constitue toujours un problème. Comment est-on capable de le traiter ?
Dans certains endroits, on va avoir 20 ou 30 kilomètres de déploiement pour un foyer. Le satellite peut faire sens dans ces zones. Je ne sais si on le fera avec Starlink ou si on est légitime à revendre cette offre-là. Ce qui est vraiment intéressant, c'est qu'il s'agit de fréquences classiques. On a cette possibilité lorsqu'on est dans un endroit où on n'a pas de couverture avec le réseau traditionnel de Salt.
Le cloud souverain constitue un point que je trouve personnellement problématique. On a dit qu'on voulait du cloud souverain en France mais, en fait, on va déployer les logiciels américains sur des machines qui seront physiquement en France. Dans le cloud, ce ne sont pas les machines ou leur localisation le problème, mais le logiciel utilisé. On a beaucoup combattu cette vision du ministère de l'économie en disant que, si on veut du cloud souverain, il faut que des gens fassent du logiciel souverain. C'est toute l'idée de Scaleway, qui reste une petite entreprise. On fait un peu plus de 100 millions d'euros de chiffre d'affaires, et on a une très forte croissance. 500 à 600 développeurs repartent de zéro pour faire du cloud.
Notre travail consiste aujourd'hui à rattraper le retard que l'on peut avoir vis-à-vis des Américains ou des Chinois en termes de produits. Il y a un certain nombre de produits sur lesquels on est avance en avance, comme Kubernetes, etc. Ce sont des briques importantes. Nous les mettons en oeuvre. Il s'agit d'investissements lourds. On pense que l'intelligence artificielle constitue une vraie chance. Ces investissements représentent des centaines de millions d'euros d'achat d'équipements. Nous croyons que c'est incontournable et nécessaire.
La plupart des talents qui travaillent sur l'intelligence artificielle dans les entreprises américaines sont français. On a collectivement financé les études de jeunes brillantissimes qui vont créer des produits exceptionnels, mais au-delà de nos frontières !
Tout le monde ne va pas utiliser l'intelligence artificielle. On a donc une légitimité à revendre ces services et à les développer, mais c'est un sujet d'investissement significatif qui représente des centaines de millions d'euros pour disposer des équipements et des logiciels, en France, afin de permettre à des entités publiques, privées, associatives, de recréer des produits équivalents à ChatGPT ou à Val-E, etc., qui sont maintenant devenus des produits grand public que tout le monde peut utiliser.
Les seuls produits avancés sont américains ou chinois. On n'a rien en France ou en Europe, alors qu'on a tout pour le faire. C'est un vrai sujet et un élément extrêmement important pour nous. Nous gagnerons probablement de l'argent dans dix ans sur ces sujets, mais nous pensons que nous devons réaliser cet investissement pour ne pas être déclassés.
La création de Scaleway vient d'une volonté partagée des salariés d'Iliad et de Free de ne pas voir les données de leurs enfants stockées à terme à l'autre bout de la terre, avec des règles qui ne sont pas les nôtres. Celles-ci peuvent sembler obsolètes, mais la question était de savoir si l'on en avait envie. La réponse étant non, on a développé cette société.
Enfin, excusez-moi, monsieur le sénateur, pour ma passion pour les télécommunications et pour m'être ainsi emporté. Je ne recommencerai pas, et je vous présente sincèrement mes excuses.