Monsieur Niel, vous avez dit que la dérégulation et l'arrivée de Free avaient permis de faire baisser les prix. Je viens d'un courant politique qui considère que les biens communs doivent être gérés par le secteur public, qu'il s'agisse des questions énergétiques, de la question spatiale ou des télécommunications, mais je dois l'avouer, autant, cela fonctionne sur l'énergie ou le ferroviaire, sur lequel beaucoup reviennent, les Anglais en premier, autant on peut avoir le débat sur les télécommunications.
Cela s'est toutefois fait au détriment de l'emploi et des salariés. Tout le monde sait ce qui s'est passé chez France Télécom avec la sous-traitance. Par ailleurs, le privé - et c'est bien normal car il est là pour faire de la rentabilité - s'est d'abord occupé des secteurs les plus rentables. Il existe encore quelques zones blanches et, pour le coup, cela ne peut être comme dans tous les autres domaines. Or on ne peut laisser en semi-public tout ce qui n'est pas rentable, dont les zones désertées. Je pense qu'on peut au moins se mettre d'accord sur ce point.
Enfin, je ne suis pas chez Free, mais chez l'un de vos concurrents. J'ai fait installer la fibre juste après le confinement, et j'ai été assez stupéfait de voir des sous-traitants en cascade venir me l'installer. Vous êtes un grand chef d'entreprise. Il y a là une responsabilité en matière sociale, environnementale et en matière d'emploi. La sous-traitance, notamment s'agissant de l'installation de la fibre, pose question socialement, mais aussi aux élus que nous sommes s'agissant du « western » des branchements, où les arrachages sont légion.
Les sous-traitants, qui sont payés quasiment à la pièce, doivent aller au plus vite. Tout le monde fait pareil : on arrache, on se branche et on repart. Je pense qu'il faut légiférer sur ce point, parce que si vous appelez à ce qu'on aille encore plus vite sur la fibre, il faut encadrer son développement. Sur les douze derniers mois, dans mon quartier, nous n'avons eu ni la télé ni Internet ni le téléphone pendant trois mois à cause des arrachages !
J'aurais voulu vous poser des questions sur la presse, mais j'imagine que d'autres collègues aborderont ce point.