Je remercie nos invités pour la qualité de ce rapport, qui va très loin. J'en partage l'essentiel du bilan et des propositions.
Nos sociétés font face à des défis colossaux, que nous pourrons relever grâce à un investissement majeur dans la connaissance. Nous avons donc besoin de tirer vers le haut toute une classe d'âge : il nous faut plus de docteurs, deux fois plus d'ingénieurs.
Nous n'y parviendrons pas sans repenser l'université comme un instrument fondamental d'aménagement du territoire. Les publics que les universités iront chercher feront toute la différence pour le saut qualitatif que nous devons accomplir.
Ce changement de paradigme avait été parfaitement exposé par M. Lafon dans le cadre de la mission d'information sur la vie étudiante.
Vous insistez à raison sur le maillage du territoire et les interactions entre les universités et leurs antennes. On nous demande de bannir TikTok de nos portables parce que, derrière, il y a le Parti communiste chinois : j'aimerais qu'on fasse de même avec le classement de Shanghai, pour la même raison... Le parangonnage qui lui est lié me paraît complètement obsolète.
Vous soutenez un vrai projet de déconcentration, qui redonnerait de l'autonomie à l'université.
Vous écrivez, à juste titre : « Le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche reste attaché à des systèmes de fonctionnement anciens, inadaptés aux nouvelles gouvernances et qui se sont progressivement complexifiés. En ce sens, [...] l'actuel mécanisme d'allocation des moyens, devenu illisible, cristallise de nombreuses critiques et constitue un frein à la fluidité des relations entre l'État et ses opérateurs sur le territoire. » Ite, missa est : tout est dit !
C'est tout le problème de l'évaluation qui est posé - et, dans votre rapport, le Hcéres n'est cité qu'une fois. On comprend entre les lignes que l'évaluation menée par cette instance prend très peu en compte ce qui est essentiel pour vous, c'est-à-dire la territorialisation et la capacité d'aller chercher les publics.
Comment concevoir une évaluation qui permettrait de mieux mesurer une évolution en ce sens ? Le Hcéres fait un travail d'évaluation scientifique, selon des critères internationaux. Nous avons besoin d'autres critères. Je soutiens votre proposition, cruciale, de donner davantage de pouvoir aux recteurs délégués à l'enseignement supérieur et à la recherche : c'est dans cette relation à trois entre recteur, collectivité territoriale et université que nous pourrons redonner de l'autonomie.