Intervention de Nathalie Delattre

Réunion du 29 mars 2023 à 15h00
Questions d'actualité au gouvernement — Santé mentale des jeunes

Photo de Nathalie DelattreNathalie Delattre :

Monsieur le président, madame la Première ministre, monsieur le ministre de la santé, mes chers collègues, notre jeunesse est en grande souffrance psychologique.

De plus en plus de jeunes connaissent un état dépressif, certains allant jusqu’à attenter à leurs jours. Nous les pleurons un à un. Pression sociale, pression des réseaux sociaux, harcèlement, écoanxiété, crise sanitaire : les causes de ce mal-être sont multiples, et ses conséquences terribles.

Le Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge vient de publier un rapport intitulé Quand les enfants vont mal : comment les aider ? dont les chiffres concernant la consommation médicamenteuse sont glaçants. Chez les 6-17 ans, un jeune sur deux consomme des psychotropes. En huit ans, cette consommation a explosé : +49 % d’antipsychotiques, +55 % d’hypnotiques et sédatifs, +63 % d’antidépresseurs.

Ce phénomène de surmédication concerne non pas des cas isolés, mais bien des dizaines de milliers d’enfants, et il place la France parmi les pays les plus prescripteurs. De plus, il s’agit de médicaments pour adultes, car aucune médication de ce type n’est autorisée sur le marché aujourd’hui pour nos enfants.

La France privilégie le traitement des symptômes, car elle est sous-dotée en capacités à agir sur les racines du mal. Là est le cœur du problème : la psychiatrie est le parent pauvre de la médecine.

Nous comptons seulement 600 pédopsychiatres pour près de 10 millions d’enfants – la Cour des comptes préconise d’ailleurs de dresser l’état des lieux de cette spécialité –, et 800 médecins scolaires, soit un médecin pour 15 000 élèves.

Mes chers collègues, imaginez-vous le désespoir des parents qui se battent corps et âme pour permettre à leur enfant d’avoir une assistance psychologique quand on leur annonce que, pour obtenir une place dans un centre médico-pédagogique, il faut attendre deux ans… La France, elle aussi, attend depuis des années son plan psychiatrie financé.

Madame la Première ministre, monsieur le ministre de la santé, il est grand temps de mettre en place ce plan budgétaire et d’oser ériger la psychiatrie en grande cause nationale.

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