Monsieur le président, monsieur le ministre de la santé et de la prévention, mes chers collègues, notre pays subit, en matière de santé, un véritable « désaménagement » du territoire et un accroissement constant de la fracture territoriale.
Ce problème existe depuis plus de vingt ans et concerne de manière dramatique toutes les formes d’exercice médical en France. Lors de sa campagne, le Président de la République, alors candidat, n’a pourtant formulé aucune proposition à ce sujet.
Si je suis sensible aux effets du recours excessif à l’intérim à l’hôpital, la loi du 26 avril 2021 visant à améliorer le système de santé par la confiance et la simplification, dite loi Rist, risque d’augmenter et d’aggraver la problématique des déserts médicaux dans certaines régions.
Nous manquons cruellement de médecins, d’anesthésistes, de gynécologues, de psychiatres et de bien d’autres praticiens. Certains Français sont en grand danger de perte de chance et de manque de soins, en particulier dans les territoires ruraux.
Un rapport remis récemment à l’Académie de médecine envisage la suppression d’une centaine de maternités pratiquant moins de 1 000 accouchements par an. La maternité de Sedan, dans les Ardennes, où les accouchements ont été provisoirement suspendus par manque de professionnels, serait visée par une telle suppression.
Cette invitation aux fermetures de maternités repose sur un critère arbitraire, étayé sur une vision purement comptable de la médecine et fondé sur une approche réductrice de ce qu’est une naissance.
Vous avez certes augmenté le numerus clausus, monsieur le ministre, mais le nombre de places dans les facultés n’augmente pas comme il le faudrait et, pour certaines spécialités, les choix que vous faites en matière de répartition des places d’internat ne sont pas toujours judicieux et aggravent le phénomène.
Je ne suis pas rassurée quant à l’avenir de la maternité de Sedan, et la situation actuelle m’inquiète.
Les appels à la réserve sanitaire sont aujourd’hui infructueux. La naissance d’un enfant ne doit pas devenir un soin compliqué ni un parcours du combattant pour autant. Elle doit rester un moment précieux qui se déroule en toute sécurité.
Monsieur le ministre, qu’entendez-vous faire pour que la santé des femmes et de leurs enfants ne soit pas sacrifiée sur l’autel de la comptabilité et au nom de conceptions technocratiques qui ont déjà tant fragilisé notre pays ?
Qu’envisagez-vous de faire pour que la suspension provisoire de l’activité de la maternité de Sedan ne se transforme pas en arrêt définitif, laissant le département des Ardennes avec une seule maternité ?
La situation est extrêmement grave, et je puis vous assurer que les Français le ressentent.