Alors que la gestion de l’eau défraie la chronique, permettez-moi d’évoquer un problème qui touche la nappe phréatique d’Alsace, la plus grande ressource en eau d’Europe. Dans les années 1950, l’État a construit un canal long de 50 kilomètres, parallèle au Rhin, utilisé pour la navigation et pour l’hydroélectricité. Ce canal étanche empêche l’alimentation par infiltration naturelle de la nappe phréatique, avec un volume manquant chiffré à un milliard de mètres cubes par an. Les conséquences en ont été un abaissement de plusieurs mètres de la nappe, un assèchement des puits, des rivières et des zones humides.
Pour limiter les effets de ces aménagements et à la suite de manifestations, l’État a construit un canal d’irrigation en béton, alimenté grâce à des droits d’eau sur le Rhin qui permettent une recharge de la nappe de plus de 500 millions de mètres cubes par an.
Toutefois, depuis une vingtaine d’années, l’État laisse ce réseau tomber en ruine et réduit son alimentation au tiers de sa capacité, quand il ne le coupe pas à certaines saisons. Les effets désastreux de cette politique se font sentir par des périodes de stress de la nappe phréatique de plus en plus fréquentes et par des rivières à sec.
Le syndicat de gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations (Gemapi) des canaux et rivières de la Plaine a sollicité l’État à plusieurs reprises pour qu’on lui transfère ces ouvrages et pour que vous fassiez appliquer les contrats de concession hydroélectrique du Rhin, en vertu desquels l’énergéticien doit prendre à sa charge les frais liés à ses incidences sur la nappe. Ce syndicat souhaite transformer ces canaux bétonnés en rivières naturelles pour que la biodiversité se développe à nouveau et pour réalimenter la nappe par infiltration naturelle. Malheureusement, l’État fait la sourde oreille.
Quand l’État acceptera-t-il de s’asseoir à la table des négociations avec le syndicat Gemapi du secteur et s’engagera-t-il à faire respecter la loi et les conditions des contrats de concession ?