Intervention de Bruno Belin

Réunion du 17 mai 2023 à 15h00
Génocide ukrainien de 1932-1933 — Adoption d'une proposition de résolution

Photo de Bruno BelinBruno Belin :

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, je tiens tout d’abord à remercier notre collègue Mme Joëlle Garriaud-Maylam, auteur de cette proposition de résolution.

J’adresse également un fort message de gratitude par rapport à l’action menée par Nadia Sollogoub, présidente du groupe interparlementaire d’amitié France-Ukraine, qui honore le Sénat.

Je salue enfin l’ambassadeur d’Ukraine, présent aujourd’hui dans nos tribunes. Qu’il me soit permis de lui exprimer toute notre solidarité face à la situation du pays qu’il représente.

À l’heure où nous débattons d’un tel texte, mes chers collègues, l’affectif ne doit bien sûr pas prendre le pas. Nous devons bien évidemment nous appuyer sur les faits et sur le droit international, à savoir la résolution de l’ONU de 1948 qui définit la notion de génocide. Nous avons tous en tête le génocide arménien, la Shoah ou les événements du Rwanda au milieu des années 1990.

Quoi qu’il en soit, c’est le droit international qui donne le cadre. Il y a l’intention, la volonté de détruire et la notion de groupe national, qu’il soit religieux, ethnique ou racial. Ce sont ces conditions qu’il faut évidemment examiner quand on pèse l’histoire et les faits.

Bien sûr, il y avait intention de détruire. Nous sommes face à une barbarie organisée : l’histoire raconte les faits. Il y a cette volonté du leader soviétique dans les années 1920. Il y a ce « grand tournant », puisque cette expression date de 1930, pour arriver à la situation connue de 1931-1932 : l’arme de la faim contre les paysans ukrainiens.

Je regrette que la présidente Assassi ait quitté l’hémicycle : je l’aurais mise au défi de regarder deux fois de suite le film L ’ Ombre de Staline. J’ai essayé de le faire, ce n’est pas possible. Il faut se rendre à l’évidence, les faits sont là, et ils sont poignants.

Les actes de cannibalisme ont été rappelés. La famine était telle que le régime soviétique lui-même avait fait placarder des affiches pour rappeler que manger son enfant était un acte barbare !

Il y avait bien une volonté de détruire, d’anéantir la résistance des paysans ukrainiens. De grenier à grain, l’Ukraine était devenue terre de sang. C’est ici que trouve tout son sens la troisième notion mise en avant par le droit international, à savoir le groupe national. Oui, il y avait volonté d’exterminer une partie du territoire soviétique.

J’ai bien entendu, dans le débat, les propos de certains de nos collègues. Les Ukrainiens n’étaient certes pas les seuls concernés, mais la volonté d’anéantir le peuple ukrainien a tout de même fait entre 6 millions et 7 millions de victimes.

Quelque 31 pays ont d’ores et déjà reconnu ce génocide. Nier, ce serait tuer une seconde fois. Ce sera donc l’honneur du Sénat français que d’adopter cette proposition de résolution relative à la reconnaissance du génocide ukrainien.

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