… et qui se sentent légitimement incompris.
Alors que nos paysans remplissent chaque jour une mission d'intérêt général – nous nourrir –, qu'ils sont en première ligne face au changement climatique et qu'ils sont les seuls ouvriers et artisans du vivant, ils ne décident pourtant pas des prix de vente et sont obligés de survivre pour nous nourrir.
Ils sont souvent, pour ne pas dire toujours, les premiers sacrifiés par les gouvernements successifs dans les traités de libre-échange, alors qu'un débat sur le droit à l'alimentation de qualité pour toutes et tous est, au contraire, nécessaire, au moment où une alimentation à deux vitesses existe déjà.
Non, il ne faut pas opposer agriculture conventionnelle et biologique.
La première, qui reste d'une grande qualité et qui nourrit la majorité de la Nation, est pourtant sans cesse stigmatisée. Oui, nos paysans sont soumis à des injonctions contradictoires : produire toujours plus, toujours mieux, toujours moins cher et toujours en concurrence avec des pays qui ne respectent pas nos normes sociales et environnementales.
C'est donc tout le logiciel qu'il faut changer, car on ne soigne pas le libéralisme par l'ultralibéralisme. Au contraire, nous devons accompagner la transition des agriculteurs, pas contre eux, mais avec eux, et les aider à sortir progressivement de l'agrobusiness recourant aux produits phytosanitaires, qui ont d'abord des effets néfastes sur eux et sur elles, puis sur les consommateurs.
À l'inverse, l'agriculture biologique doit être non plus moquée ou raillée, mais aidée et encouragée, pour qu'elle puisse être accessible à toutes et à tous et devienne, demain, la norme.
Oui, il faudra s'attaquer enfin à la puissance des centrales d'achat et des agroindustriels réalisant des marges, pour rémunérer les agriculteurs à des prix dépassant leurs coûts de production. De l'autre côté de la chaîne, il faudra augmenter les salaires des consommateurs, pour qu'ils puissent acheter des produits de meilleure qualité.
Ces grands objectifs, mes chers collègues, nous ne pensons pas les atteindre avec des recettes, dont l'inefficacité économique et sociale, comme la nocivité écologique, sont prouvées.
Non, continuer à appauvrir les sols en utilisant des insecticides et des pesticides n'est pas une vision de long terme.