Madame la présidente, mesdames, messieurs les sénateurs, je tiens tout d'abord à saluer la qualité des travaux préparatoires sur ce texte. Je pense à la fois au premier rapport, établi par M. Duplomb, et au second rapport, rédigé par MM. Duplomb, Mérillou et Louault, qui ont permis d'éclairer nos débats en préparant l'examen de cette proposition de loi.
Monsieur Duplomb, nous n'avons pas toujours été d'accord. C'est la vertu du débat démocratique, et je me félicite que celui-ci ait eu lieu. Sur les questions agricoles, il y a trop de non-dits ; les problèmes sont trop rarement mis sur la table. On a parfois cru que le consensus régnait, alors qu'un certain nombre de points méritaient d'être explicités.
Pour avancer en matière d'agriculture, nous avons besoin de science et non de postures ; de respect et non de mises au ban ; de progrès et non de crainte du progrès. Je ne vois pas pourquoi le secteur agricole serait le seul que l'on priverait des moyens qu'offrent les progrès technologiques et techniques, alors qu'il a été le premier à en bénéficier. §
À chaque nouvelle avancée, qu'il s'agisse de l'amélioration de telle ou telle variété ou de l'utilisation des drones, on voudrait dire au monde agricole : « Vous, vous n'aurez pas droit au progrès technique. » §C'est – je le dis au passage – assez offensant.
Nous avons besoin de solutions, et non d'injonctions ; de réel, et non de postures. Or la vérité est que la ferme France a perdu en compétitivité et en souveraineté.
On peut toujours aller chercher les causes de nos problèmes à l'extérieur de nos frontières. M. Gay a évoqué – c'est un débat entre nous – le libre-échange. Mais ce seul paramètre n'expliquera jamais pourquoi la France est pour ainsi dire le seul pays d'Europe à avoir perdu en souveraineté et en compétitivité agricoles. Nous devons nous pencher sur la question. De ce point de vue, le débat s'est révélé particulièrement intéressant.
Nous avons avancé au cours des dernières années, et pas seulement depuis 2017. À mon sens, la loi Égalim a posé des jalons importants s'agissant de la rémunération.
Monsieur Labbé, vous tenez comme moi aux PAT, qui ont été créés par une loi de 2014 : notre pays en dénombre aujourd'hui 400, contre 20 en 2019. Reconnaissons que l'on a progressé sur un certain nombre de sujets en faveur de notre souveraineté.
Enfin, prenons garde aux discours que nous tenons sur l'agriculture. Je me félicite qu'au Sénat, nous nous soyons efforcés d'éviter les caricatures.
Nous avons besoin des agriculteurs, d'abord pour nous nourrir. Croire que ce problème est résolu pour la nuit des temps serait commettre une erreur funeste, qu'il s'agisse de l'agriculture ou de l'élevage.
La France doit préserver sa souveraineté alimentaire. Chacun doit l'entendre, jusqu'à la rue Cambon. Cela vaut aussi pour l'élevage ! §On ne me fera pas croire que tant que nous importerons des produits d'élevage, nous devrons réduire notre propre production.
Il faut dire aux éleveurs que nous avons besoin d'eux.