Cela fait longtemps que je suis interpellée sur l’existence de trois numéros distincts : le 119, le 3018 et le 3020.
J’ai mené une étude sur le sujet : en réalité, ces différents services ne touchent pas du tout les mêmes publics, ils n’apportent pas les mêmes réponses et les écoutants sont également différents.
Dans les faits, le 3020 est énormément sollicité par les familles pour des faits de harcèlement, surtout physique, et essentiellement dans les écoles primaires. Il s’agit d’une problématique réelle au sein des écoles.
Je rappelle que les écoutants du 3020, issus de l’éducation nationale et pilotés par elle, ont l’obligation de prendre l’attache de l’école et des familles, si bien que des adolescents qui voudraient demander de l’aide, parce qu’ils sont cyberharcelés, pour une affaire de revenge porn par exemple ou à cause de contenus portant atteinte à leur intimité, voient dans le manque de confidentialité assurée par le 3020 en matière d’échanges, tant à l’égard des parents qu’à l’égard de l’école, un obstacle majeur.
La fusion du 3020 et du 3018 reviendrait à fusionner des démarches, des problématiques et des publics différents. J’ajoute qu’il existe une formation et une compétence spécifiques au 3018.
Dernier élément extrêmement important à mes yeux, le 3018 est considéré comme un signaleur de confiance au niveau européen : c’est ce qui lui permet de signer des conventions avec l’ensemble des plateformes et d’obtenir extrêmement rapidement le retrait de certains contenus, ce qui n’est évidemment pas le rôle de l’éducation nationale, qui a déjà fort à faire par ailleurs.
Il existe donc, je le répète, deux démarches parfaitement distinctes.
Cela étant, je veux vous rassurer : le 119, le 3018 et le 3020 recourent à des mécanismes de redirection quand il y a une erreur de destinataire ou quand la problématique soulevée se situe au carrefour de plusieurs situations. Il va de soi que les écoutants du 3018 peuvent inviter l’enfant à prendre l’attache de ses parents ; ils peuvent aussi adresser un signalement au titre de l’article 40 du code pénal s’il leur semble nécessaire que l’école et les parents se mobilisent.
Ces mécanismes existent et jouent à plein.
Aujourd’hui, je le redis, il n’est pas possible de fusionner ces numéros d’appel, car les démarches à accomplir lorsqu’un enfant semble en danger sont différentes selon qu’il s’agit d’un adolescent éprouvant le besoin de signaler un problème auprès du 3018 ou d’une famille qui constate des faits de harcèlement à l’école.
Pour toutes ces raisons, je suis défavorable à cet amendement.