Voilà plus de soixante jours que des salariés de Vertbaudet, dans le Nord, sont en grève. Pour rappel, les employés de cette usine sont majoritairement des femmes.
L’entreprise Vertbaudet est l’une des cinquante-neuf entités détenues par le fonds d’investissement européen Equistone. L’examen du bilan financier de l’entreprise est édifiant : entre 2018 et 2021, sa marge nette est passée de –0, 7 % à +3, 6 % et sa valeur ajoutée de 49, 7 millions d’euros à 56, 6 millions ; sur la même période, la part des salaires sur le chiffre d’affaires est passée de 15, 6 % à 12, 1 %.
L’unique revendication de ces employés est une augmentation de salaire de 150 euros et tous les chiffres montrent que cette revendication est légitime. Ces travailleurs sont rattrapés par l’inflation et leurs fins de mois sont difficiles.
Depuis deux mois, aucun dialogue ne se tient avec la direction, des propos sexistes sont proférés et les salariés subissent interventions des forces de police, intimidations, menaces de licenciement… Tout y passe !
Ils sont déterminés et leur lutte devient emblématique. Les salaires dans l’entreprise varient de 1 300 euros à 1500 euros mensuels, quelle que soit l’ancienneté, alors que le dirigeant perçoit une rémunération de 60 000 euros par mois.
Cette grève met en lumière une question centrale : comment faire ses choix de vie sans un salaire digne ? Comment être véritablement libre sans indépendance économique ?
La solidarité et le soutien de l’ensemble du monde du travail s’expriment, y compris financièrement, et cette lutte est en quelque sorte devenue, par procuration, celle de tous les salariés du pays.
Le Gouvernement prétend appeler au partage de la valeur ; le cas de Vertbaudet n’offre-t-il pas une belle occasion de mettre ce principe en application ?