Mesdames et messieurs les parlementaires, cette réforme sera à la source d’une profonde mutation politique. Vous aurez plus de droits ; mais qui dit plus de droits dit aussi plus de devoirs. Si le fonctionnement de l’exécutif devra changer pour être davantage à votre écoute, votre fonctionnement s’en trouvera, lui aussi, modifié.
Dans le partage de l’ordre du jour, dans l’élaboration et l’évaluation de la loi, dans la gestion de l’État, dans les nominations, dans la mise en œuvre de la politique étrangère et de défense, le Gouvernement devra vous rendre davantage de comptes, et vous devrez, a fortiori, en rendre davantage à nos concitoyens. Le regard qu’ils porteront sur vous sera sans doute plus exigeant. Celui que vous porterez sur le Gouvernement le sera aussi, et c’est ainsi que la responsabilité, l’efficacité et la confiance seront confortées. Ainsi, par là même, c’est la République qui se grandira.
Mesdames et messieurs les parlementaires, ce projet est entre vos mains. Chacun, en conscience, va se prononcer. À ceux de mes amis qui craignent les évolutions proposées, je demande : « Êtes-vous sûrs que la situation actuelle soit tellement favorable au fonctionnement de notre démocratie qu’il n’y faille rien changer ? » Et à ceux qui, à gauche, rêvent d’une autre réforme, je demande : « Êtes-vous sûrs de vouloir refuser un progrès au nom d’un autre projet, pour l’heure improbable ? »
Tous les votes seront respectables. Cependant, ceux qui diront « non » aux droits nouveaux accordés au Parlement et aux citoyens devront s’en expliquer devant les Français. Ceux qui le feront au nom du statu quo devront expliquer pourquoi ils ont si peu confiance en l’élargissement de notre démocratie. Et ceux qui le feront au nom du changement devront expliquer pourquoi ils n’ont pas saisi l’opportunité de tendre vers leur idéal. Les yeux dans les yeux, ils devront expliquer aux Français les raisons pour lesquelles ils leur ont refusé des droits nouveaux.