Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, la famille est le socle fondateur par excellence. L'éducation, la transmission des valeurs et la traversée progressive des premiers âges de la vie trouvent place en son sein. La structure familiale ne se résume pas à un schéma simple et linéaire ; il faut tenir compte de sa pluralité, en particulier quand l'un des parents est en situation de handicap.
Le soutien de ces familles est un enjeu qui nous engage collectivement. Ce défi nous rassemble aujourd'hui, alors que nous évoquons la situation particulière des étudiants dont l'un des parents est porteur d'un handicap.
Le vécu de l'enfant placé dans une telle situation est forcément différent de celui de ses camarades. Il y a des joies et des peines que lui seul peut connaître. À l'âge des études supérieures, de nouvelles difficultés peuvent apparaître et s'accumuler, en fonction de la structuration de la famille.
On recenserait en France entre 10 000 et 20 000 étudiants aidants, comme vous l'avez rappelé en commission, madame la ministre. Ces jeunes peuvent se retrouver démunis face à la détresse de leur parent, que le handicap soit moteur, sensoriel, psychiatrique ou cognitif.
Il s'agit encore d'un angle mort de nos politiques publiques. La notion d'aidant reste floue dans la législation, en particulier lorsqu'il s'agit d'un autre proche que le conjoint.
Comment être aidé pour son premier déménagement lorsque son propre parent doit lui-même être aidé ? Comment mener à bien ses études lorsque l'on doit quotidiennement entourer l'un de ses parents ? Ces difficultés sont loin d'être anodines. Le succès dans l'obtention d'un diplôme implique un engagement continu et une assiduité sans faille.
Ces jeunes aidants ont besoin d'un suivi spécifique. De grandes disparités existent encore entre les établissements scolaires en matière d'accompagnement pédagogique. Le risque d'échec scolaire est accru pour ces étudiants, qui doivent souvent s'engager à aider régulièrement leur parent en situation de handicap, en particulier si le noyau familial est distendu. Certains syndicats étudiants appellent ainsi à généraliser l'aménagement de l'emploi du temps de ces aidants.
Nous savons que le Gouvernement a engagé un large chantier de révision du système de bourses d'études sur critères sociaux. Cette nécessaire refonte des aides s'inscrit dans la lignée des travaux du Sénat ; nous l'appelons de nos vœux depuis longtemps. Les étudiants aidants et les étudiants en situation de handicap doivent en bénéficier. Il est important que leur situation soit davantage prise en compte dans la répartition des diverses aides étudiantes.
Celles-ci ne sont pas que financières et peuvent concerner par exemple l'accès aux résidences étudiantes, au restaurant universitaire, à du soutien psychologique ou encore à du tutorat.
Ce texte a le mérite de souligner un manque face à des situations difficiles, voire extrêmement douloureuses pour ces jeunes. Sa nouvelle rédaction permet de lever plusieurs réserves que nous pouvions avoir et qui ont été évoquées en commission.
J'en profite pour saluer le travail de l'auteur de la proposition de loi, Jean-François Rapin, et de la rapporteure, Toine Bourrat.
Nous sommes tous convaincus de l'importance d'apporter aux étudiants aidants un soutien dédié ; l'adoption à l'unanimité du texte amendé jeudi dernier en est la preuve. Une large réflexion doit être menée pour adapter le système des études à leur situation spécifique. Cette proposition de loi ouvre le débat sur la notion d'aidant chez les jeunes, et c'est une bonne chose.
Pour toutes ces raisons, le groupe Les Indépendants – République et Territoires salue l'adoption de ce texte.