Monsieur le ministre, au début du mois de mai, à Saint-Jean-de-Maurienne, a commencé le démantèlement de la gare de triage du fret, censée déménager à Saint-Avre.
Cette opération risque d’affecter fortement le report modal des camions vers le rail et d’avoir des conséquences lourdes en matière d’emploi, car les 45 agents du fret et la trentaine d’agents aux postes d’aiguillage sont fortement menacés par ce déménagement.
Cette gare permet de stationner, de former et de trier des trains et sert à desservir les entreprises locales. La gare de Saint-Avre ne comporte que treize voies, contre une quarantaine à Saint-Jean-de-Maurienne, dont trois seulement seront consacrées au fret. Le triage, tel qu’il a lieu pour l’instant, ne pourra donc plus se faire.
Précisons que cette suppression est motivée par le fait que la gare est située sur le tracé des accès au tunnel du Lyon-Turin en projet. Or, à ce stade, les travaux n’ont pas commencé, du moins dans leur partie la plus importante, et aucune date de commencement n’a été annoncée. Le choix du Conseil d’orientation des infrastructures de privilégier le scénario dit « de planification écologique » n’indique pas une volonté d’accélération – c’est le moins que l’on puisse dire…
Par ailleurs, le projet Lyon-Turin ne permettra pas de rattraper cette perte de report modal, car les porteurs du projet ont décidé que la Maurienne ne serait qu’un point de transit et de passage. C’est nier que son potentiel pourrait largement être développé grâce à l’industrie présente dans ce territoire.
Monsieur le ministre, ma question porte donc sur la pertinence et l’urgence d’une telle décision, anticipée en 2023 pour une mise en service théorique des accès français du Lyon-Turin après 2040 – pour ne pas dire aux calendes grecques !