Intervention de Cyril Pellevat

Réunion du 14 juin 2023 à 15h00
Questions d'actualité au gouvernement — Attaque à annecy

Photo de Cyril PellevatCyril Pellevat :

Madame la Première ministre, le 8 juin, l'horreur absolue a frappé la paisible ville d'Annecy. Sur les berges du lac, un assaillant a attaqué à l'arme blanche quatre très jeunes enfants, âgés de 22 à 36 mois. Deux d'entre eux ont vu leur pronostic vital engagé. Deux adultes ont également été gravement blessés.

Cet acte est de l'ordre de l'indicible : on protège un enfant, on le console, on l'éduque, mais jamais, ô grand jamais, on ne le poignarde dans sa poussette.

Le cœur de tous les Français s'est brisé pour les victimes et leurs parents, mais aussi pour les passants traumatisés. Je leur réitère notre entier soutien, car si l'inquiétude concernant l'état de santé des blessés s'est dissipée, le chemin de la guérison, tant physique que psychique, sera encore long.

Je tiens également à rendre hommage au préfet, à nos forces de l'ordre et de sécurité civile, aux soignants et aux héros du quotidien, comme Henri, pour leur bravoure. Leur formidable mobilisation a sans aucun doute permis d'éviter un bilan encore plus lourd. Je puis témoigner que le choc et l'effroi suscités par la cruauté d'une telle attaque ne les ont pas empêchés d'être admirables.

Je souhaite aussi exprimer ma reconnaissance aux élus locaux pour leur réactivité. Je pense en particulier au maire d'Annecy, François Astorg, que je veux assurer de mon soutien à l'heure où il fait l'objet d'attaques indignes.

Enfin, madame la Première ministre, nous vous sommes reconnaissants, à vous ainsi qu'au Président de la République et au ministre de l'intérieur et des outre-mer, de vous être rendus rapidement sur place pour exprimer le soutien de l'ensemble de la Nation.

Si l'heure est aujourd'hui au recueillement et s'il nous faut éviter les polémiques, plusieurs zones d'ombre demeurent. Je ne doute pas que l'enquête en cours permettra de nous éclairer sur le parcours, migratoire comme psychiatrique, de l'assaillant.

En tout état de cause, les premiers éléments qui nous sont parvenus nous interpellent.

Il semble en effet que les délais de traitement de la demande d'asile de l'assaillant ont été particulièrement longs, alors que celle-ci était manifestement irrecevable. Le système Eurodac permettait pourtant de vérifier que cet individu avait déjà obtenu le statut de réfugié en Suède.

Comment expliquez-vous, madame la Première ministre, que la décision de refus ne lui ait été signifiée que six mois après le dépôt de sa demande ?

En outre, la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne prévoit qu'il est possible d'accorder la liberté de circulation aux ressortissants de pays tiers résidant sur le territoire d'un État membre.

Il s'agit bien, non pas d'une obligation, mais d'une faculté laissée à la discrétion des États. Je souhaite donc savoir si vous comptez restreindre ce droit qui a permis à cet homme de séjourner en France sans visa pour une durée de trois mois. §

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