La mesure des audiences, qui est au centre des décisions du secteur audiovisuel, s'est complexifiée du fait de la numérisation de l'offre et de la consommation des contenus médiatiques. Cette mesure est notamment rendue difficile par l'accès aux données des plateformes.
Un récent rapport de l'inspection générale des finances (IGF) et de l'inspection générale des affaires culturelles (Igac), intitulé La concentration dans le secteur des médias à l'ère numérique : de la réglementation à la régulation, relève d'ailleurs que « la prise en compte incomplète de l'audience sur les plateformes numériques constitue une limite méthodologique ». Les auteurs notent que le recours croissant aux réseaux sociaux rend nécessaire de mesurer l'audience numérique de ces médias et jugent que l'accès aux données est insuffisant.
Plusieurs plateformes refusent en effet purement et simplement de communiquer leurs données d'audience et ne rendent pas publique leur méthodologie de mesure.
Du fait de leur hégémonie, ces acteurs sont tentés par l'automesure, par laquelle ils imposent leurs données d'audience, réalisées selon leurs propres règles, sans contrôle externe, ce qui rend impossible toute vérification et toute analyse comparative de performance.
Je propose donc que les méthodes de mesure de l'audience des plateformes numériques puissent être contrôlées et comparées. La production de ces méthodologies doit à mon sens être confiée à des tiers indépendants, de façon à garantir la qualité et la fiabilité des données.
En d'autres termes, il s'agit d'étendre la mesure de l'audience scientifique utilisée pour les chaînes de télévision et de radio aux plateformes numériques.