Il faisait beau ce jeudi matin au bord du lac, sur le Pâquier, à Annecy. Tout à coup, dans le square, au pied du pont des Amours qui enjambe le canal du Vassé, un assaillant armé d’un couteau est venu poignarder plusieurs petits enfants jusque dans leurs poussettes, avant de s’en prendre à des personnes âgées.
Nous devons aux premiers témoins d’avoir ralenti l’agresseur, puis à la chaîne des forces de l’ordre, secouristes et soignants d’être intervenus avec une rapidité exceptionnelle, ce qui a permis de sauver la vie de toutes les victimes. Notre reconnaissance à leur égard est immense.
Depuis cet événement tragique, la ville et toute la Haute-Savoie sont sous le choc.
La venue des plus hautes autorités de l’État, notamment la vôtre le jour même, madame la Première ministre, et le rassemblement citoyen de dimanche dernier ont été des occasions d’exprimer notre unité et notre solidarité avec les familles.
Si quelques polémiques assez vaines ont été balayées, et c’est tant mieux, des questions lourdes restent posées et attendent des réponses courageuses, madame la Première ministre. Celles-ci sont à mes yeux de deux ordres : l’application des règles du droit d’asile et la psychiatrie.
En premier lieu, si le fonctionnement de l’espace Schengen fixe des règles européennes relatives à la liberté de circulation, il n’existe pas en soi de liberté d’établissement. L’auteur des faits semblerait avoir choisi de résider dans les rues d’Annecy depuis sept mois.
En second lieu, l’état de la psychiatrie hospitalière en Haute-Savoie est catastrophique. Des services ont été fermés à l’hôpital de Thonon pour être transférés à l’hôpital de La-Roche-sur-Foron, où un tiers des lits sont, là aussi, fermés par manque de personnel.
Dans ces conditions, comment imaginer une politique de prévention digne de ce nom ? Comment « aller vers » les personnes sans domicile fixe de plus en plus nombreuses, souvent d’origine étrangère, qui sont dans des situations de véritable marginalité ?
Madame la Première ministre, en parallèle avec l’enquête judiciaire en cours, pouvez-vous nous indiquer quelles sont les décisions préventives que le Gouvernement entend prendre pour qu’un tel drame ne se reproduise jamais ?