La disparition des services au public, constatée ces dernières années par la plupart des maires des communes rurales, a pour corollaire la dématérialisation croissante des démarches administratives.
Actuellement, près de 99 % des Français vivraient à moins de trente minutes d’une maison France Services et 90 % à moins de vingt minutes. C’est une bonne chose, car cela permet de retrouver, petit à petit, une proximité du service public. Je le constate dans mon département de la Mayenne, avec nos dix-sept espaces France Services, en lien avec les secrétaires de mairie, comme l’ont souligné plusieurs orateurs.
Néanmoins, n’oublions pas que quelque 13 millions de Français sont touchés par l’illectronisme et peinent à faire valoir leurs droits. Dès lors, comment est-il possible d’envisager un accès par voie exclusivement numérique à certains dispositifs, comme le service France Rénov’ ?
Nous courrons le risque de rompre l’égalité d’accès des citoyens devant leurs droits. Autrement dit, la formation au numérique est devenue un véritable enjeu si nous voulons respecter notre pacte social en garantissant l’accès de tous aux services publics.
Pour tenter d’y répondre, le Gouvernement a développé la plateforme Aidants Connect, et les maisons France Services proposent un accompagnement numérique pour la réalisation des démarches en ligne. Plusieurs milliers de conseillers ont d’ailleurs été déployés à cet effet ; il faut s’en réjouir.
Toutefois, gardons à l’esprit que l’illectronisme renvoie à des situations d’isolement, de précarité et de mobilité difficile. Ainsi les personnes âgées sont souvent très affectées par la dématérialisation des services au public, car elles n’ont pas les moyens de s’équiper en matériel informatique ou la capacité de se déplacer pour suivre des ateliers de formation. Ces populations se concentrent souvent dans des zones de revitalisation rurale.
Dans ces conditions, plusieurs questions se posent pour que la proximité des services au public soit réellement assurée : des dispositifs ciblés pour les ZRR sont-ils prévus, par exemple avec un déploiement plus important de conseillers numériques ? Quels moyens donner à ces derniers pour répondre à la demande d’assistance d’une population qui ne se déplace pas ? Une aide au financement de matériel informatique est-elle envisagée pour les populations précaires ?