Intervention de Évelyne Renaud-Garabedian

Réunion du 30 mai 2023 à 14h30
Reconnaître et soutenir les entrepreneurs français à l'étranger — Adoption d'une proposition de loi dans le texte de la commission modifié

Photo de Évelyne Renaud-GarabedianÉvelyne Renaud-Garabedian :

Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, le monde a changé. L’économie n’est plus la même qu’il y a cinquante ans, dix ans ou même un an.

La géographie s’est profondément transformée. Les distances ne sont plus un obstacle. La technologie, les échanges d’informations, les modes de production sont en évolution permanente.

Tous ces changements sont le fait d’hommes et de femmes vivant pleinement dans leur monde et dans leur siècle, et pour qui la mondialisation est non pas un concept, mais une réalité.

C’est le cas pour les 3, 5 millions de Français qui vivent en dehors du territoire national et que nous représentons. Ils ne partent pas de France parce qu’il n’y aurait plus rien à y faire. Ils ne partent pas de France pour contourner le droit du travail, pour fuir le fisc ou, encore moins, parce qu’ils n’aiment plus leur pays.

Leur départ est lié, très souvent, à une rencontre amoureuse, à un voyage marquant, à une opportunité professionnelle à saisir ou à une expatriation de leur conjoint.

S’installer dans un pays dans lequel vous n’avez pas grandi vous conduit à vous poser un certain nombre de questions : que puis-je faire ? Quel est mon savoir-faire ? Quel est mon talent ? Quel est le tissu économique local ? Quelle activité pourrais-je y développer ?

Ce sont toutes ces interrogations qui poussent les Français à devoir inventer la raison de leur présence à l’étranger, à donner un sens à leur nouvelle vie, à oser, bref, à entreprendre.

Je parle ici du trentenaire, parti au Brésil, qui a rencontré sa femme à Rio de Janeiro et qui a décidé d’y rester pour ouvrir une boulangerie française.

Je parle de la guide de voyage, fascinée par les temples cambodgiens, qui se rend compte que personne n’est capable de faire visiter le pays à des francophones.

Je parle de l’aventurière arrivée en Afrique du Sud, qui a créé une entreprise de tourisme, devenue leader, et qui vend la destination France.

Je parle du cuisinier qui s’est installé en Chine et qui y fait découvrir la gastronomie française et nos produits du terroir.

Je parle de l’architecte formé dans les ateliers de Jean Nouvel, qui s’installe à l’étranger et qui développe les techniques architecturales françaises dans ses nouvelles réalisations.

Tous ces exemples nous montrent que ces entrepreneurs sont un atout précieux pour la France.

En effet, ils connaissent le tissu économique et les rouages administratifs mieux que personne et forment un réseau dont rêverait notre diplomatie. Ils se sentent profondément Français et sont connus comme tels dans leur pays de résidence, où ils sont particulièrement bien intégrés. Ils distribuent des produits et des services français ; ils emploient du personnel français. Ils deviennent les ambassadeurs du savoir-faire et du talent français, qui nous sont enviés dans le monde entier.

À une époque où nous nous questionnons en permanence sur la capacité de la France à rayonner économiquement, culturellement, diplomatiquement, où nous cherchons des solutions pour améliorer notre commerce extérieur, le levier que représentent ces entrepreneurs, les grands oubliés de la France – monsieur le ministre, je suis désolée de le dire –, doit impérativement être exploité.

C’est la raison pour laquelle il nous est apparu extrêmement urgent, à Jean-Pierre Bansard et à moi-même, de contribuer à faire prendre conscience au législateur, mais aussi aux pouvoirs publics et aux Français, de l’importance de ces entrepreneurs.

Ce texte est le fruit d’un travail profondément collectif. Les entrepreneurs locaux, les conseillers et les délégués des Français de l’étranger, la direction générale de CCI France International – le réseau des chambres de commerce et d’industrie françaises à l’international –, les conseillers du commerce extérieur de la France, notre ancienne collègue Jacky Deromedi, qui avait déjà rédigé une proposition de loi sur ce sujet, …

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