Intervention de Jean-Yves Roux

Réunion du 31 mai 2023 à 15h00
Débat sur le bilan de l'application des lois — Débat interactif

Photo de Jean-Yves RouxJean-Yves Roux :

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, le débat qui nous anime aujourd’hui est un incontournable de la vie parlementaire et de l’évaluation du Sénat. Mais il prend cette année une tout autre saveur : celle de la valeur de la loi – projet et proposition de loi –, de la valeur du cheminement parlementaire et réglementaire, de la valeur de la démocratie représentative et de ses élus.

Mes chers collègues, vous me permettrez de saluer le travail réalisé par la présidente Pascale Gruny, qui dit beaucoup sur l’état de l’institution parlementaire et insiste clairement sur des leviers d’action qui nous concernent également. Trop de lois en procédure accélérée, trop vite, des lois pantagruéliques mal digérées, des communications empressées : les travers sont connus.

Je salue en parallèle l’intention qui préside à la circulaire du 27 décembre 2022, aux termes de laquelle « veiller à une rapide et complète application des lois répond à une exigence de démocratie, de sécurité juridique et de responsabilité politique ».

Toutefois, mes chers collègues, comme l’énonçait si justement Pierre Mendès France : « La conception d’une démocratie purement formelle et périodique, si je puis dire, ne correspond pas forcément à une réalité vivante. » C’est bien à celle-ci que je suis attaché. Les conditions d’application de la loi font beaucoup pour notre vitalité démocratique.

Tout d’abord, nous devons en prendre conscience, ce n’est pas seulement le temps nécessaire pour la publication des décrets qui pose problème. Nos concitoyens comme nos collectivités ont besoin de ces informations conjuguées et connues pour anticiper leurs actions.

Pascale Gruny a insisté sur la loi Climat et résilience ou la loi 3DS : certains de leurs articles, en suspens, sont des freins pour l’action locale. C’est ce qu’il se passe pour l’application du ZAN, le zéro artificialisation nette.

Autre point intéressant également nos collègues députés, celui de l’encadrement plus strict des réseaux d’influence au moment de la rédaction de ces textes. Leur consultation peut être utile, mais dans des conditions plus réglementées, limitées dans le temps, en toute transparence et sans préjudice pour la durée et la qualité de rédaction des textes réglementaires.

Mon dernier point s’adresse tant à nos collègues sénateurs qu’au Gouvernement. Nous pouvons anticiper, dès le début de la discussion parlementaire, les difficultés soulevées dans le cadre des textes réglementaires. La méthode porte un nom : l’expérimentation, qui peut s’insérer dans plusieurs cadres. Je pense aux expérimentations normatives locales, trop diluées dans les processus d’évaluation parlementaire. La méthode répond pourtant à un bel objectif, celui de renouveler notre démocratie et de s’éloigner du populisme, en trouvant des solutions acceptables.

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