Intervention de Hélène Budzinski

Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques — Réunion du 8 juin 2023 à 9h40
La surveillance et les impacts des micropolluants de l'eau — Audition publique christine arrighi députée et angèle préville sénatrice rapporteures

Hélène Budzinski, directrice de recherche au CNRS, directrice de l'UMR « Environnements et paléoenvironnements océaniques et continentaux » :

Je ne connais pas le nombre de nouvelles substances commercialisées. J'ignore d'ailleurs si quelqu'un connaît ce chiffre. On parle en effet de molécules appartenant à des industries très différentes : produits phytopharmaceutiques, plastifiants, etc. Il s'agit d'une question règlementaire.

Un nombre conséquent de nouvelles molécules sont mises sur le marché chaque année, parfois à la marge. L'exemple du bisphénol A est très parlant : on interdit cette substance, mais on développe d'autres bisphénols. De la même manière, on interdit l'utilisation de certains phtalates, tout en en développant d'autres. La molécule est parfois moins toxique que l'initiale (c'est le cas pour le bisphénol), tout du moins par rapport à ce que l'on en sait. La toxicité est en effet un élément à relativiser : il en existe plusieurs types. Les remplaçants du bisphénol A sont ainsi moins toxiques en matière de perturbation endocrinienne ; mais peut-être présentent-ils d'autres types de toxicité que l'on n'a pas ou imparfaitement abordés.

Quant à regarder les molécules par famille, il faut se méfier. Cela suppose en effet d'en connaître le mode d'action. Il arrive qu'une molécule n'ait pas le mode d'action toxique visé parce qu'elle a été bien conçue. Elle peut ainsi appartenir à une famille donnée, mais développer d'autres types d'activité. Il n'existe pas qu'une seule toxicité, qu'un seul mode d'action. Il est donc très compliqué d'avoir une approche globale. Les biotests tentent de répondre en partie à la problématique, mais ils ne résoudront pas tout. Il faudra de toute façon passer par la préparation d'échantillons et de l'extraction. Si des molécules ont le même mode d'action mais des paramètres physico-chimiques différents, alors on ne les détectera pas.

Cela doit selon moi conduire à interroger plutôt l'usage : a-t-on réellement besoin d'autant de molécules ? A-t-on besoin de remplacer systématiquement un usage par un autre ? Ne faut-il pas examiner globalement la situation ? Certains sociologues avaient abordé la question. Leur réponse était de diminuer les substances à la source, en amont, alors que l'on n'intervient pour l'instant qu'a posteriori. Mais je m'éloigne là de mon champ d'expertise.

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