Loin des turbulences du Palais-Bourbon, souvent soumis aux soubresauts de l’actualité, la Haute Assemblée reste un espace de stabilité dans nos institutions, où l’on sait que la politique, c’est l’art du compromis.
Toutefois, le Sénat ne vit pas moins intensément le débat ; il a toujours su faire place à la confrontation et au respect des idées. Il est le garant de notre démocratie et fabrique la loi de façon plus subtile et peut-être plus réaliste.
Nous sommes avant tout des parlementaires et, dans un régime qui l’est de moins en moins, le contrôle de l’action du Gouvernement et l’évaluation des politiques publiques sont plus que jamais essentiels.
Pour ma part, je reste un partisan acharné du dialogue constructif, de la coconstruction des lois avec le Gouvernement et l’Assemblée nationale, où certains députés, malheureusement, ne comprennent pas toujours que ce qui leur reste de pouvoir réside dans le dialogue avec nous. C’est une manière de rendre le bicamérisme vivant, car celui-ci est un antidote à toute forme de populisme et d’extrémisme, ces maux qui menacent la cohésion sociale et la construction européenne. Les ingénieurs du chaos sont à l’œuvre ; il est urgent d’enrayer la machine à détruire la démocratie.
Face à cette menace, il nous faut mobiliser en priorité les élus locaux, ceux qui sont en première ligne et que j’appellerais « l’armée de la République du quotidien ». Ils se sentent parfois incompris ou délaissés, et nous sommes ici leurs représentants.
Le rôle du Sénat est donc plus que jamais, en tant qu’assemblée des territoires, de relever les défis qui nous entourent : la fracture territoriale, la perte d’autonomie fiscale, l’empilement des normes, la transition énergétique et la sécurité, entre autres.
Je ne doute pas que la somme des talents, des compétences et des expériences que compte notre assemblée renouvelée apportera beaucoup à la fabrication de la loi et à la résolution de ces enjeux majeurs, avec ce « courage de la nuance » qu’évoquait Albert Camus, bien loin des facilités de l’outrance.
Mes chers collègues, l’heure n’est plus à la mise en cause de l’existence du Sénat – Dieu merci ! –, bien au contraire. Tout le monde aujourd’hui en a pris conscience, lorsque l’une des deux assemblées boite ou vacille, l’autre apporte l’équilibre indispensable au bon fonctionnement de nos institutions.
Par gros temps, il faut de bons marins – vous en êtes, mes chers collègues – et un bon capitaine – nous l’avons !
Par conséquent, sans tarder, passons à l’élection du capitaine – pardon, du président.