Intervention de Gérard Larcher

Réunion du 2 octobre 2023 à 15h00
Allocution de m. le président du sénat

Photo de Gérard LarcherGérard Larcher, président :

J’ai une pensée de gratitude pour celles et ceux qui ne siègent plus parmi nous aujourd’hui. Ils ont apporté au Sénat et au pays. Monsieur le doyen, vous avez eu, vous aussi, une pensée particulière pour eux.

Permettez-moi de remercier très sincèrement celles et ceux qui m’ont témoigné leur confiance.

Je m’engage à présider notre assemblée avec la légitimité que me donne la majorité, mais aussi dans le respect de vos diverses sensibilités.

Je vous propose de n’avoir pour boussole que l’intérêt de notre pays et de poursuivre la construction du Sénat de demain.

Je salue sincèrement Patrick Kanner, Cécile Cukierman et Guillaume Gontard, les présidents de groupe qui ont été candidats. Ils ont témoigné de la pluralité de notre assemblée. Je veux leur dire que je serai, comme hier, très attentif au respect des groupes minoritaires et d’opposition, comme d’ailleurs à chaque groupe politique et à chaque sénateur, où qu’il siège.

Oui, il existe une manière particulière au Sénat d’exercer la fonction parlementaire. Être sénatrice, être sénateur, c’est faire vivre la démocratie, être au service de la République et des citoyens.

Aujourd’hui, 62 % des Français jugent que le Sénat joue un rôle important dans la vie politique française : on mesure, à la lumière de ce chiffre, le chemin parcouru depuis neuf années. Nous incarnons plus que jamais ce pôle de stabilité, ce point d’équilibre que vous m’avez souvent entendu évoquer.

Oui, je pense que le Sénat est plus que jamais au cœur de notre vie démocratique.

Être sénatrice, être sénateur, c’est être autonome, libre et indépendant. C’est aussi se respecter les uns les autres. C’est donner à nos compatriotes le visage d’une assemblée où l’on débat, où l’on propose, où parfois l’on s’oppose, mais jamais dans le mépris, l’invective ou la violence.

Mes chers collègues, il y a, me semble-t-il, une façon sénatoriale de faire de la politique : avec sérieux, calme et détermination. C’est la bonne méthode pour recoudre un pays fracturé, sans craindre de dire la vérité, même si elle dérange, et en ne reculant jamais devant l’obstacle.

Forts de ces principes, nous devons imaginer et construire ensemble le Sénat de demain, pour mieux répondre aux attentes de nos concitoyens et des territoires, pour retrouver la confiance.

Notre pays, qui souffre, qui doute, qui au fond n’a plus confiance, a besoin d’une assemblée attentive et – j’ose le dire – d’une assemblée presque affective à l’égard de nos compatriotes.

Ces dernières années, j’ai sillonné le pays. J’ai rencontré de nombreux élus locaux et nombre d’acteurs économiques et sociaux.

Vous le sentez bien, nous traversons une crise profonde : aggravation des fractures territoriales, montée de l’abstention et des votes contestataires, dégradation de nos services publics et de la présence médicale, envolée de la dette publique et des déficits, montée des violences et des émeutes urbaines, inquiétude quotidienne face à l’inflation. La jeunesse est inquiète elle aussi, notamment face au défi climatique.

Tous ceux qui étaient candidats l’ont ressenti pendant la campagne électorale que nous venons de vivre. Il nous faudra rompre avec cette spirale du déclin, et le Sénat devra y prendre toute sa part.

Mes chers collègues, c’est le sens du projet pour les trois années à venir que j’ai fait parvenir à chacune et à chacun d’entre vous : Le Sénat de la République, aujourd ’ hui et demain.

Je pense tout d’abord à notre mission constitutionnelle. Le Président de la République a par deux fois, en 2017 et en 2022, annoncé son intention de procéder à une réforme des institutions. J’ai souhaité chaque fois que le Sénat soit dans l’anticipation. Notre groupe de travail transpartisan, qui se réunit depuis novembre 2022, formulera des propositions d’ici à la fin de cette année.

Nous sommes prêts à envisager toute réforme à même d’améliorer le fonctionnement de notre démocratie, si elle permet de recoudre le pays, si elle permet au peuple de retrouver confiance en ses parlementaires, en ses gouvernants et en sa justice.

Toutefois, je le dis et je le répète, notre Constitution ne se modifie pas en fonction des pulsions du moment.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion