En ces temps où l’équilibre institutionnel a été profondément modifié du fait de l’absence de majorité à l’Assemblée nationale, en ces temps où le fait majoritaire n’est plus, le Sénat a un rôle essentiel dans le fonctionnement de nos institutions. Il est devenu le point d’équilibre d’une démocratie à la peine. Il est une assemblée qui assume ses différences et qui résiste à la désinformation, parfois alarmante, ainsi qu’à la « justice » expéditive des réseaux sociaux.
Michel Debré l’avait anticipé lors d’un discours prononcé devant le Conseil d’État le 27 août 1958 : « Il est […] facile de comprendre pourquoi il faut à la France une puissante deuxième chambre […] : notre régime électoral [peut] nous empêche[r] de connaître les majorités cohérentes qui assurent, sans règles détaillées, la bonne marche du régime parlementaire ». C’est pour nous une responsabilité supplémentaire, et d’ailleurs pour la première fois véritablement depuis 1958.
Mes chers collègues, la démocratie représentative est fragile. Il faut en prendre soin. Veillons à l’image que nous projetons dans l’opinion. Faisons-la vivre en étant ouverts, disponibles et à l’écoute. Soyons attentifs au pouls de la société.
À l’extérieur du pays naît un doute sur le rôle et le rang de la France dans le monde. Au cours de mes déplacements à l’étranger, j’ai rencontré nos compatriotes établis hors de France : nous devons être particulièrement attentifs et solidaires avec eux.
Je pense à ce que nous vivons aujourd’hui en Afrique. Soyons attentifs aux puissances nouvelles qui émergent sur le continent africain et dans l’Indo-Pacifique, lesquelles bouleversent des équilibres qui semblaient durablement ancrés.
Nous sommes confrontés à de nouveaux défis – la crise migratoire, la crise climatique –, pour lesquels nous devons être particulièrement mobilisés. Ce sont de vastes champs, où la diplomatie parlementaire peut être utile.
Mes chers collègues, aujourd’hui, je veux avoir une pensée toute particulière et solidaire pour l’Arménie et pour les Arméniens, qui ont le sentiment d’être bien seuls. Qu’ils sachent que nous sommes à leurs côtés !