Intervention de Pierre Médevielle

Réunion du 11 octobre 2023 à 15h00
Débat préalable à la réunion du conseil européen des 26 et 27 octobre 2023

Photo de Pierre MédeviellePierre Médevielle :

Monsieur le président, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, après l'invasion de l'Ukraine, les événements au Proche-Orient nous alertent une fois encore sur la nécessaire cohésion de l'Union européenne face au terrorisme et à tous les ennemis de nos démocraties.

L'effroyable attaque terroriste du Hamas contre Israël et les affrontements qui perdurent nous laissent craindre le pire quant aux pertes humaines.

Ce déchaînement de haine et les exactions commises contre des enfants, des femmes, des populations innocentes, nous rappellent les pages les plus sombres de notre histoire. Il est regrettable que la classe politique française ne condamne pas un tel massacre d'une même voix.

Toutes nos pensées vont bien sûr aux victimes, aux otages, aux blessés, ainsi qu'à leurs familles et au peuple israélien tout entier.

Le fragile processus de paix entre Israël et la Palestine est à nouveau bien compromis et les espoirs de rapprochement d'Israël avec d'autres pays arabes, comme l'Arabie saoudite, vont être sérieusement ébranlés.

L'Union européenne était fortement impliquée dans ces processus. Malgré cette situation critique, restons mobilisés ; ne nous décourageons pas.

Madame la secrétaire d'État, hier s'est tenue une réunion d'urgence des ministres européens des affaires étrangères. Au-delà du rappel des règles de droit international humanitaire et de la nécessité d'une solution politique à cette crise, voie que semble privilégier la France, pouvez-vous nous parler plus précisément des prochaines étapes et des mesures envisagées ?

Quelle position l'Union européenne peut-elle et souhaite-t-elle prendre dans ce conflit ? Comment les États membres pourront-ils coordonner leurs actions ?

Sur un autre front, contrairement aux prévisions de Vladimir Poutine, l'agression de la Russie contre l'Ukraine s'est révélée un ciment fort pour les pays européens.

À cette occasion, les États membres ont montré leur volonté de consolider leurs capacités militaires et de se préparer à de futures crises géopolitiques. Toutefois, nos réflexions sont-elles suffisantes ? Avançons-nous assez vite ? Dans un tel contexte, comment envisager l'évolution de notre politique européenne extérieure ou encore la constitution d'une armée européenne ?

Concernant précisément la situation en Ukraine, deux questions me paraissent majeures. Premièrement, avez-vous prévu de nouvelles aides pour les prochaines phases de ce conflit ? Deuxièmement, qu'en est-il de l'embargo sur les céréales ? Nous avons tous présentes à l'esprit les conséquences migratoires d'un affamement du continent africain.

Cette question migratoire est également à l'agenda du Conseil européen. Or chacun a pu constater son absence dans la déclaration de Grenade. Le pacte européen sur la migration et l'asile a pourtant fait l'objet d'un accord, mais les divers blocages observés persistent. Qu'en est-il précisément ?

En France, les chiffres de l'aide médicale de l'État (AME) explosent pour cette année 2023. La Méditerranée reste malheureusement le théâtre de trop nombreux drames humains. Les conflits, les catastrophes naturelles et les tensions sur le continent africain nous laissent présager le pire.

L'Europe ne pourra pas accueillir toute la misère du monde, alors que certains de nos voisins, comme la Russie, insensible à tous ces drames, nous observent en se frottant les mains, sans faire le moindre geste altruiste.

Face aux flux migratoires, nous avons besoin d'une gestion et d'un cadre communs. Nous ne pouvons pas laisser la responsabilité de cette politique à d'autres pays.

Quelle position la France adoptera-t-elle afin de faire évoluer ce dossier ? Pensez-vous que le choix d'un cap fort pourrait être un atout avant les élections européennes de juin prochain ?

L'Union européenne vient de faire face à deux crises majeures et concomitantes : l'épidémie de covid et l'invasion de l'Ukraine. Déjouant tous les pronostics, nous sortons renforcés de ces deux épreuves, qui ont pourtant mis à mal notre système économique et provoqué une crise inflationniste sans précédent, dont tous les Européens paient aujourd'hui les conséquences.

Nous le savons, l'issue de cette crise viendra d'une réponse collective et solidaire impliquant les citoyens, les différentes collectivités territoriales et les gouvernements.

À Grenade, les dirigeants européens ont rappelé la promesse fondatrice de l'Union européenne : garantir la paix et la stabilité aux Européens. L'une des priorités relevées est notre résilience. Nous savons que de nombreuses réformes restent à définir ensemble et le temps presse.

La crise inflationniste, consécutive à l'invasion de l'Ukraine, nous a rappelé douloureusement les lacunes accumulées au fil des ans en matière de politique énergétique.

Aujourd'hui, nous avons fait des choix très différents de notre voisin allemand, en relançant notre filière nucléaire. Je ne pense pas que le charbon germanique soit une solution souhaitable et durable. Quoi qu'il en soit, nos divergences ne sauraient effacer l'intérêt collectif de l'Europe en matière énergétique. Nous devons continuer de prospecter et d'acheter ensemble sur les marchés mondiaux.

Alors que 2024 se profile déjà, notre cap doit être clair. Un effort tout particulier doit être accompli en faveur des énergies renouvelables.

On ne peut que saluer la décision du Gouvernement de relancer notre filière nucléaire et la construction de nouveaux réacteurs. Il paraît maintenant évident que, si nous voulons sortir de notre dépendance aux énergies fossiles, nous devrons très rapidement améliorer notre mix entre bas-carbone, nucléaire et énergies renouvelables. Les citoyens européens doivent avoir accès à une énergie durable, abordable et en quantité suffisante.

Madame la secrétaire d'État, sur ce volet, quelles sont vos ambitions précises, qu'il s'agisse du développement nucléaire ou de la réforme du marché européen de l'électricité ?

J'en viens à un autre enjeu de souveraineté essentiel pour notre continent : l'agriculture.

La France, par la voix de sa Première ministre, a enfin décidé l'arrêt des surtranspositions qui ont tant pénalisé notre filière agricole. Je m'en réjouis.

Concrètement, ne pensez-vous pas qu'il est nécessaire d'uniformiser plus rapidement les réglementations encadrant nos politiques agricoles ? Ainsi, l'Europe pourrait parler d'une seule voix en se donnant, par là même, une image plus crédible sur les marchés internationaux.

L'Union européenne doit poursuivre les réformes de simplification et d'uniformisation des politiques de tous ses membres : tel est le prix de notre souveraineté et de notre avenir commun.

Dans un tel contexte, le scrutin européen de 2024 revêt une importance primordiale. Conscients de la poussée populiste, tous les Européens convaincus devront se serrer les coudes et s'impliquer pleinement. Ne laissons pas la main aux eurosceptiques. Continuons à dissiper les ignorances et à déraciner les passions destructrices. La construction européenne mérite notre engagement total !

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