Monsieur le président, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, permettez-moi en préambule d'exprimer à cette tribune tout mon soutien au peuple israélien et aux Européens victimes de la barbarie et du terrorisme. Je fais toute confiance à la présidence espagnole, issue d'un des pays qui a le plus souffert du terrorisme islamiste en Europe, pour garantir à Israël un soutien nécessaire et vital contre l'obscurantisme.
Le commissaire hongrois Olivér Várhelyi a souhaité suspendre immédiatement tous les paiements à destination de la Palestine et effectuer une analyse de tous les programmes de financement. La question de l'aide au développement est posée. Jusqu'où la France ira-t-elle pour empêcher le plus possible, et dans le détail, qu'une organisation terroriste, le Hamas, en bénéficie ?
Plus largement, madame la secrétaire d'État, je rappelle que des associations fréristes se sont implantées à Bruxelles, capitalisant sur une proximité avec les institutions européennes.
Le Conseil de l'Europe peut-il garantir que l'on mène une lutte acharnée contre l'islamisme alors même qu'il promeut des slogans comme « Mon voile, mon choix » ou encore « La beauté est dans la diversité comme la liberté est dans le hijab » ? S'approprier ces mots sans chercher à en mesurer les conséquences revient à prendre des risques !
Dans la série des atrocités où l'humanité perd de sa substance, il faut évoquer l'attaque du Haut-Karabagh par l'Azerbaïdjan. Je renouvelle ici tout mon soutien à la cause arménienne, à la défense des chrétiens d'Orient victimes, eux aussi, d'actes innommables en Artsakh, que certains qualifient déjà de crimes contre l'humanité.
J'appelle Mme Ursula von der Leyen à garder l'Union européenne de toute hypocrisie à ce sujet concernant les accords de partenariat avec l'Azerbaïdjan, y compris dans le domaine de l'énergie.
Relevons au passage la lâcheté de Vladimir Poutine dans ce conflit arménien, lui qui fut présenté si longtemps comme un défenseur du cessez-le-feu.
Mes chers collègues, de la guerre en Ukraine dépend notre salut ; il faut la gagner pour l'Ukraine, mais aussi pour la Finlande, pour la Pologne, pour les pays baltes et, plus largement, pour la démocratie et pour les valeurs que nous défendons. Il y va de notre crédibilité.
Aujourd'hui, celle-ci repose sur l'Ukraine. Son peuple a fait montre de pugnacité, d'ingéniosité, de vivacité d'action et de réflexion, de souplesse et de finesse ; il s'est présenté au monde comme résistant, fort, moderne, malin ; il a démontré sa volonté de déjouer en bloc et en détail l'hypocrisie russe, mais aussi celle du bloc occidental.
Et nous voudrions aujourd'hui lui faire savoir que l'intégration à l'Europe se mérite, qu'elle se gagne, qu'elle doit résulter d'efforts et de sérieux ?
Il me semble que le peuple de Kiev répond au moins à cette exigence de valeurs morales et qu'il en fait chaque jour la démonstration. Un peuple dont les hommes sont capables d'avancer à travers des champs de mines peut emporter son pays où il le souhaite, y compris au sein de l'Union européenne !
La question de l'intégration de l'Ukraine a une saveur particulière et je prie le Conseil de l'Europe de faciliter le rapprochement de l'Ukraine avec les Vingt-Sept, sans nécessairement déjà parler d'intégration. Le chef de l'État français promeut une nouvelle manière d'envisager cette étape : il prône une approche d'ensemble et une union construite sur la base de projets ou de politiques communes.
Le Conseil de l'Europe des 26 et 27 octobre suivra-t-il la position française en faveur d'une intégration progressive, projet par projet, sans attendre que les États concernés remplissent toutes les conditions pour commencer à cheminer vers l'Europe ?
Madame la secrétaire d'État, notre pays ne regarde pas assez à l'Est. Depuis le Brexit, la Pologne est devenue le point d'entrée des États-Unis et de l'Otan, le chantre occidental d'une Europe dont la force est en train de se déplacer vers l'Est. Sa montée en puissance, notamment militaire, mais aussi dans d'autres domaines, contribuera – j'en forme le vœu – à attirer les regards des Français au-delà de l'Allemagne.
Cette dernière, longtemps présentée comme un modèle, doit désormais revenir sur de nombreux aspects de sa politique intérieure et extérieure, en matière d'énergie comme sur les plans militaire et diplomatique.
S'agissant de la question migratoire, madame la secrétaire d'État, elle devient le principal sujet de préoccupation des peuples européens.
Sur nos frontières méridionales, l'arrivée de 10 000 migrants en septembre sur l'île de Lampedusa, venus principalement d'Afrique, mais également du Moyen-Orient, fait ressurgir dans nos populations défiance, inquiétude et malaise, malgré l'appel chrétien, humaniste et universaliste du pape François. Nous devons établir une doctrine en matière migratoire.
Les différences entre les politiques menées au Danemark et en France témoignent à la fois de la possibilité d'agir souverainement, différemment, mais également du manque de vision consensuelle sur ces sujets.
Madame la secrétaire d'État, quelques mots, pour conclure, sur l'environnement. L'Union européenne est la partie du monde la plus avancée sur ces questions ; c'est notre honneur, cela doit devenir, demain, notre force.
La présidence espagnole a proposé une feuille de route répondant aux exigences de l'Agenda 2030 et nous nous en réjouissons. De même, félicitons-nous du choix de promouvoir le train ou encore de financer une aide à la promotion et à la valorisation d'une alimentation locale.
Permettez-moi de saluer tous ceux qui se battent au quotidien, au sein des instances européennes, pour notre planète, pour la biodiversité, pour le climat, contre des lobbies puissants et organisés. Pour autant, le travail doit s'intensifier.
Les accords de libre-échange sont aujourd'hui fondamentalement contradictoires avec la politique environnementale de l'Union européenne ; ils sont très critiqués pour l'étendue de leur champ et pour les atteintes fondamentales qu'ils portent à des principes qui devraient être considérés comme non négociables.
Madame la secrétaire d'État, quel est le bilan environnemental de ces traités ? Devons-nous dire stop, ou encore ?