Les 18 000 places de prison, si elles sont pour l’instant largement en deçà des 85 000 places que nous préconisons, constituent également une avancée, si toutefois cette mesure vient à être pleinement exécutée, à plus forte raison à une époque où – nous le regrettons ! – l’emprisonnement finit par devenir l’exception et les mesures alternatives une généralité.
Permettez-moi de faire un aparté : les travaux d’intérêt général (TIG) ne sont ni dissuasifs ni réellement punitifs ; ils correspondent à un moindre échelon de peine, qui facilite sans doute beaucoup trop le non-recours à l’emprisonnement, à tel point que les TIG représentent aujourd’hui la troisième peine la plus prononcée.
Mes chers collègues, le sentiment d’insécurité n’est pas qu’un sentiment : il s’agit de la légitime appréhension de nos compatriotes face à la réalité, mais surtout face à un quotidien qui se dégrade.
Les émeutes, j’en parlais tout à l’heure, sont venues rappeler que des territoires entiers ont été soustraits au droit commun, aux lois de notre République. Ceux-ci ont vu s’imposer un nouveau système de valeurs fondé sur la brutalité, la violence et l’absence de morale.
À notre sens, les textes dont nous parlons aujourd’hui n’inverseront pas la tendance, quand bien même nous en saluons une fois encore les progrès, notamment l’apport de nouvelles techniques d’enquête qui peuvent rendre plus efficace et réactive la lutte contre le trafic de stupéfiants par exemple.
Malgré tout, nous voterons ces textes. Mais attention aux politiques « cataplasmes » ! Si nous discutons ici du traitement des conséquences, ne perdons pas de vue une urgence fondamentale : il faut qu’enfin l’on s’attaque aux causes de l’explosion de la délinquance et de l’insécurité dans notre pays.
Pour paraphraser Blaise Pascal, la force doit être juste, la justice doit être forte. Ce n’est qu’ainsi que notre justice retrouvera son aura auprès de nos concitoyens. Plus que de s’attaquer à la sanction des crimes et délits, il faut à présent que la classe politique ait le courage d’en désigner les causes et de les combattre. Le système judiciaire doit punir, mais la peine doit être suffisamment forte pour qu’elle puisse dissuader.