Intervention de Claude Malhuret

Réunion du 11 octobre 2023 à 15h00
Questions d'actualité au gouvernement — Attaques terroristes du hamas contre israël

Photo de Claude MalhuretClaude Malhuret :

Madame la Première ministre, les images insoutenables de l’attaque terroriste du Hamas en Israël imposent une condamnation absolue et une solidarité totale avec les victimes. Mais l’émotion légitime, la colère et le dégoût ne doivent pas nous empêcher, bien au contraire, de comprendre les raisons pour lesquelles de telles horreurs ont pu se produire.

La guerre est revenue, et nous ne voulons pas la voir. Je ne parle pas seulement de la guerre du Hamas contre Israël. Je parle également des conflits et menaces au Moyen-Orient, en Afrique, en mer de Chine et maintenant en Europe. C’est la guerre des dictatures contre les démocraties ; elle est mondiale.

Les mains qui ont tranché la gorge des enfants d’Israël venaient de Gaza, mais le cerveau est à Téhéran.

En 2008, la Géorgie ; en 2011, la Syrie ; en 2014, la Crimée, puis le Sahel et l’Ukraine ; en 2023, l’Arménie ; aujourd’hui Israël : l’internationale des dictateurs s’est reformée. Nous les avions crus vaincus à la fin du XXe siècle. Ils sont de retour pour mettre à bas les démocraties. Ils ne sont pas unis par une idéologie. Ils sont une hydre monstrueuse – pouvoir mafieux en Russie, dictature du parti à Pyongyang et Pékin, folie islamiste en Iran, soldatesque galonnée au Sahel. Une seule idée fixe les rassemble : renverser, à notre détriment, les règles du jeu mondial.

Comme chaque fois, les démocraties sont aveugles à la catastrophe annoncée, non pas parce que leurs ennemis se cachent, mais parce que nous nous voilons la face.

L’Europe a construit une formidable sphère de prospérité, mais elle a oublié qu’il n’y avait pas de prospérité durable sans puissance, et l’Europe puissance n’existe pas encore.

Ce que nous devons à toutes les victimes des attentats en Israël, c’est donner un sens à leur mort. On ne saurait accepter qu’elles soient mortes pour rien. Elles doivent nous faire comprendre que le combat entre les dictatures et les démocraties est de nouveau face à nous.

Notre hymne national nous le rappelle : notre « liberté chérie » ne peut combattre qu’« avec [s]es défenseurs ». Nous devons nous réarmer, militairement, industriellement et surtout – surtout ! – moralement.

C’est la tâche extrêmement difficile des gouvernements européens, dont le vôtre, madame la Première ministre, que d’en convaincre leurs peuples. Mais c’est la seule façon, comme nos aînés l’ont fait au siècle dernier, de résister à la barbarie.

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