Madame la ministre des affaires étrangères, je sais bien qu’une actualité chasse l’autre et que nos regards et nos cœurs sont aujourd’hui mobilisés, à quelques exceptions près, pour le peuple israélien, victime d’une impensable barbarie moyenâgeuse.
Je sais bien que le Monopoly mondial est complexe et que l’Union européenne, au regard du contexte ukrainien, avait besoin de diversifier ses importations de gaz, ce qui rapporte des milliards à l’Azerbaïdjan, comme l’ont rappelé nos collègues Retailleau et Devinaz.
Tout cela, nous le savons, mais je souhaite tout de même revenir sur la situation dramatique du Haut-Karabakh. Comme en Ukraine, comme à Gaza, comme dans de nombreux endroits de la planète, la force prévaut sur le droit.
Madame la ministre, faut-il qu’un peuple disparaisse pour savoir qu’il existe ? Près de 80 % de la population arménienne a dû abandonner, du jour au lendemain, la terre qu’elle habite depuis 2 500 ans pour ne pas se faire massacrer, après avoir été encerclée et affamée.
La Russie a renoncé à protéger l’Arménie et nous, Européens, avons poussé le cynisme jusqu’à inviter le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, à négocier avec ses agresseurs. Chacun sait qu’il est facile de négocier avec un couteau sous la gorge ! Chacun sait qu’il est facile de négocier avec un président qui a promis de « vous chasser comme des chiens » !
Charles Aznavour chantait cette véritable incantation :
« Après l’horreur,
« Après la peur,
« Pour toi Arménie, […]
« Le monde s’est levé,
« Le monde est avec toi. »
Madame la ministre, la France est-elle avec l’Arménie ? La France se lève-t-elle pour l’Arménie ?
Au-delà des mots de compassion, au-delà des condamnations diplomatiques de circonstance, qu’envisage de faire la France pour le peuple arménien, qui a connu le premier génocide du XXe siècle et qui vit actuellement, sous nos yeux, le premier nettoyage ethnique du XXIe siècle ?