Intervention de Sylvie Van der Werf

Commission d'enquête sur la grippe A — Réunion du 28 avril 2010 : 1ère réunion
Audition de Mme Le Professeur sylvie van der werf membre du comité de lutte contre la grippe directeur de l'unité de recherches « génétique moléculaire des virus respiratoires » à l'institut pasteur

Sylvie Van der Werf :

a ensuite exposé les activités conduites par l'unité de recherche « génétique moléculaire des virus respiratoires » de l'Institut Pasteur dans le cadre de la pandémie de grippe H1N1. Cette unité comprend le centre national de référence pour le Nord de la France en ce qui concerne les virus grippaux et elle est également le laboratoire de référence de l'OMS pour le virus H5N1 et pour le SRAS, ce qui explique sa forte implication dans le travail sur la pandémie.

Sa mission principale est la surveillance de la circulation des virus grippaux et des autres virus respiratoires, le suivi de l'évolution des virus grippaux en termes d'antigénicité, de virulence et de sensibilité aux antiviraux. Elle porte également sur le développement de l'évaluation de méthodologies, en articulation avec le développement de la recherche.

Suite à la détection d'un nouveau virus au Mexique et aux Etats-Unis, l'unité de recherche a travaillé en liaison avec la Cellule d'Intervention Biologique d'Urgence (Cibu) dirigée par M. Jean-Claude Manuguerra et la plate-forme de séquençage à l'Institut Pasteur. Les premiers cas de grippe A ont pu être confirmés sur le territoire français le 1er mai, parallèlement aux travaux de mise au point de tests diagnostiques et de témoins qui ont abouti le 5 mai et ont été diffusés aux laboratoires du réseau grippe.

Dans la phase initiale, l'unité de recherche génétique moléculaire des virus respiratoires de l'Institut Pasteur a été amenée à réaliser des diagnostics de première intention, dans la mesure où il s'agissait d'une méthodologie nouvelle. Ces travaux ont ensuite été relayés par les différents laboratoires de virologie du réseau grippe. Les résultats ont été systématiquement transmis en temps réel à l'Institut national de veille sanitaire. Lors de la survenue de cas groupés, et dans un contexte d'augmentation des cas autochtones, il n'a plus été procédé à des confirmations, mais l'équipe de recherche a continué à recevoir des prélèvements positifs pour des analyses complémentaires.

En juillet, une reprise de la surveillance a été opérée par le réseau des GROG en médecine de ville, ce qui a provoqué un nouvel afflux de prélèvements pour pouvoir évaluer la circulation virale dans la population générale.

Après le début de la circulation épidémique du virus fin octobre et début novembre, les travaux se sont concentrés sur les formes graves.

Les statistiques reflètent ce volume d'activité : entre mai et décembre, 5 400 prélèvements ont été traités, soit le double, voire le triple, de l'activité pour une saison normale. 61 % de ces prélèvements ont concerné des diagnostics de première intention. Au total, plus de 40 000 réactions PCR (Polymerase Chain Reaction) ont été réalisées pendant cette même période, nonobstant les travaux d'isolement et de séquençage. Par ailleurs, les études d'évaluation de la résistance ont permis de détecter cinq cas de résistance à l'Oseltamivir. De même, très rapidement, peu après l'annonce qui en était faite en Norvège, il a été possible de détecter la présence de mutations D222G. Ces virus particuliers ont fait l'objet de notes d'information transmises à la direction générale de la santé, à l'Institut national de veille sanitaire et à l'OMS.

Actuellement, l'analyse des virus se poursuit, notamment pour les cas graves, afin d'identifier les déterminants de virulence, et d'établir si d'éventuelles évolutions génétiques pourraient modifier la sensibilité aux antiviraux. L'accent est mis sur les études sérologiques et le développement de nouveaux outils, parallèlement aux activités de recherche.

Par ailleurs, Mme Sylvie Van der Werf a participé aux travaux du Comité de Lutte Contre la Grippe (CLCG) qui a tenu une quarantaine de réunions entre fin avril et fin décembre 2009. Elle a également été consultée par l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) pour l'analyse de données virologiques de dossiers, et sur la conduite à tenir face à des formes graves de la grippe A. Elle a aussi fait partie du groupe d'expertise collectif d'urgence de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa), lequel avait été créé pour la grippe aviaire avant d'être étendu au virus A(H1N1)v. Enfin, elle a participé aux travaux de l'Institut de Microbiologie et Maladies Infectieuses (Immi) et à des travaux de réflexion de l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) conduits à la demande de la Direction Générale de l'Alimentation (DGAL).

Elle a ensuite souhaité évoquer son interview parue dans le Figaro du 4 juin 2009 sous le titre : « H1N1 : il va falloir vacciner tout le monde ».

Elle a indiqué qu'en accord avec le service de presse de l'Institut Pasteur, elle avait accepté de répondre aux questions d'une journaliste afin d'apporter son éclairage de virologiste sur les nombreuses questions qui se posaient à l'époque sur l'évolution du virus, les différents types de vaccins et la protection qu'ils pourraient assurer. Elle avait obtenu de pouvoir relire l'article, mais il lui a été communiqué très tardivement. Elle avait constaté, ce qui n'était pas prévu, qu'il était présenté sous forme d'une interview, mais elle n'avait eu le temps que de lui apporter quelques corrections d'ordre scientifique, qui n'ont pu empêcher que cet article soit mal interprété, surtout en raison du titre qui lui a été donné.

Reconnaissant n'avoir pas été assez prudente, elle a dit avoir été extrêmement embarrassée par cet article, qui lui a valu des réactions violentes, pour ne pas dire blessantes.

Elle a ajouté que ses propos n'ont pas été dictés par un quelconque intérêt en lien avec les producteurs de vaccins, mais par l'intime conviction que la vaccination contre la grippe H1N1 présentait un réel intérêt au-delà des populations à risque pour la grippe saisonnière.

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