Intervention de Jérôme Sclafer

Commission d'enquête sur la grippe A — Réunion du 12 mai 2010 : 1ère réunion
Audition de M. Jérôme Sclafer membre du comité technique des vaccinations rattaché à la commission maladies transmissibles du haut conseil de la santé publique hcsp

Jérôme Sclafer :

a tout d'abord fait remarquer que répondre à la question suppose de poser le principe selon lequel nous sommes dans un contexte pandémique, ce dont il n'est pas convaincu. Tout dépend en effet de la définition du mot pandémie retenue.

Etymologiquement, la grippe A(H1N1)v constitue bien une pandémie, comme d'ailleurs chaque année puisque la grippe se répand en permanence dans le monde entier. Mais, au delà de cette définition, les seuls critères qui permettent de parler de pandémie en ce qui concerne le virus A(H1N1)v, sont, d'une part, sa large diffusion dans la population et, d'autre part, le fait que le virus A(H1N1)v ait touché des populations inhabituelles.

Néanmoins, le mot « pandémie » est chargé d'une telle menace qu'il convient de préférer la notion d'épidémie par un virus nouveau qui a présenté une certaine gravité pour une partie étroite, mais inhabituelle, de la population. En effet, entre 15 % et 30 % de la population française ont contracté la grippe A(H1N1) pendant cet hiver.

La réponse vaccinale demeure certes la meilleure solution face à une pandémie. Deux stratégies sont alors envisageables :

- soit une vaccination de masse, mais force est de constater qu'elle est très difficile à organiser, à l'exception de certaines campagnes menées depuis plusieurs années pour certaines pathologies et avec l'appui de campagnes de sensibilisation actives ;

- soit une vaccination des personnes les plus fragiles.

En ce qui concerne la grippe A(H1N1)v, quelque cinq millions de personnes présentaient des risques particuliers, leur vaccination était donc réalisable grâce à l'appui de messages publicitaires et l'envoi de bons de vaccination. Elle aurait en outre permis de protéger partiellement contre 80 % des cas de syndromes de détresse respiratoire aiguë (SDRA). En revanche, souhaiter vacciner 63 millions d'individus est « une autre affaire ».

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